Enfants et écrans : un an après les recommandations, peu d’actions concrètes

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Où en est la lutte contre l’exposition aux écrans des enfants et adolescents? L’Etat promet d’agir depuis plus d’un an, mais les mesures restent timides. Ce que regrettent des experts, même si certains relativisent l’urgence sanitaire. « On est très surpris de voir la lenteur des actes: on voit beaucoup de paroles, beaucoup de commissions, mais très, très peu d’actes concrets », déplore Yves Marry, délégué général de l’association Lève les yeux, engagée contre la surexposition aux écrans. L’abus d’écrans affecte la santé, tout particulièrement celle des enfants: sommeil perturbé, sédentarité accrue avec un risque de surpoids… Moins certains, les effets sur leur développement préoccupent aussi. Le sujet écrans et enfants est sur la table depuis le printemps 2024, quand une commission d’experts missionnée par le président Emmanuel Macron avait remis ses recommandations. Le document préconise, entre autres, d’empêcher l’accès des plus petits aux écrans et d’interdire les smartphones jusqu’à l’adolescence avec un accès progressif à Internet. Surtout, il s’attaque aux entreprises du numérique, appelant de ses voeux une régulation plus stricte. Le chef de l’Etat avait promis dans la foulée que tous les ministères concernés – Santé, Education, Numérique, Enfance – travailleraient rapidement à concrétiser les recommandations. Mais, depuis plusieurs mois, « on n’a plus été sollicités par les ministères », affirme la neurologue Servane Mouton qui a dirigé les travaux de la commission aux côtés de l’addictologue Amine Benyamina.

 

Un rendez-vous entre les experts, l’Elysée, Matignon et les ministères concernés a eu lieu en avril, information révélée cette semaine par la cellule investigation de Radio France. Depuis, déplore Mme Mouton, c’est le silence malgré une réunion alors « très constructive » et des « échanges riches ». Interrogées, des sources au sein de l’exécutif assurent de leur engagement. M. Macron, particulièrement investi, « met de la pression sur le sujet », insiste-t-on à l’Elysée, renvoyant toutefois le gouvernement au « travail qui est le sien ». Au sein du gouvernement, menacé de tomber lundi lors du vote de confiance demandé par le Premier ministre François Bayrou, les différents cabinets écartent tout immobilisme. « Il n’y a jamais eu de coup d’arrêt », assure le Haut commissariat à l’Enfance, tandis que le cabinet de la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, estime qu’elle « s’est engagée fortement ». De fait, quelques mesures ont été prises. Le ministère de la Santé a formellement interdit cet été les écrans dans les endroits qui accueillent des enfants de moins de trois ans. Côté éducation, le dispositif « portable en pause » doit se généraliser avec l’obligation pour les collégiens de laisser leur portable à l’entrée de l’établissement (casiers, pochettes…). Des outils numériques comme Pronote, permettant aux enseignants de communiquer avec les élèves et les parents, devront être désormais déconnectés le soir et le week-end.