Les instances représentant les différents métiers de France Inter – journalistes, producteurs, techniciens – estiment que cette radio «perd son âme», dans une lettre envoyée mercredi à sa directrice, Adèle Van Reeth, et à celle du groupe public Radio France, Sibyle Veil.
«Nous ne reconnaissons plus la maison de nous aimons», écrivent les signataires de cette lettre, confirmant une information de «Libération». Ils pointent «des choix opaques» de la direction, un «manque de clarté» de son projet ou encore une «brutalité managériale», qui ont abouti selon eux à des «événements graves».
Cette lettre a été envoyée à la veille de la publication des audiences radio de septembre et octobre par Médiamétrie. «Cette lettre me touche, voire me blesse», a réagi Mme Van Reeth dans une déclaration.
«Je suis une enfant de cette maison. Le dialogue avec les équipes n’est pas toujours facile mais il est constant. Je recevrai les signataires de cette lettre prochainement pour en parler avec eux», a-t-elle assuré.
La lettre est signée par la Société des journalistes (SDJ) de France Inter, sa Société des producteurs et productrices (SDPI) et les associations équivalentes qui représentent les réalisateurs, les programmateurs et les techniciens du son. Parmi les «motifs d’inquiétude», ces instances pointent «l’absence de soutien de la direction» à Thomas Legrand, chroniqueur à Libération et France Inter. Lui et Patrick Cohen, qui intervient sur France Inter et sur France 5 (France Télévisions), ont été accusés de connivence avec le Parti socialiste après la diffusion en septembre d’une vidéo les montrant au restaurant avec deux responsables de cette formation.
Les signataires de la lettre jugent que la direction d’Inter donne l’image «d’une radio publique qui hésite à défendre ses journalistes face aux campagnes d’intimidation orchestrées par certains médias ou groupes d’influence».
L’affaire Legrand-Cohen avait été au centre d’une vive passe d’armes entre l’audiovisuel public et les médias dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, qui s’accusaient mutuellement de partialité politique.
Enfin, les signataires pointent une détérioration du «climat général» à France Inter, avec des «sous-effectifs chroniques», une «surcharge de travail» et une «absence d’écoute».
Première radio de France et vaisseau-amiral du groupe Radio France, France Inter est dirigée par Adèle Van Reeth depuis 2022. Elle avait été visée par une motion de défiance en juillet 2024.


































