France Télévisions alerte sur 65 millions d’euros de coupes budgétaires supplémentaires en 2026 

La présidente de France Télévisions, l’Arcom et d’autres acteurs de l’audiovisuel se sont alarmés vendredi depuis La Rochelle des coupes budgétaires envisagées par l’État pour le groupe public, qui font peser selon eux «un risque très fort» sur toute la filière. «Il était prévu» par le gouvernement Bayrou «de nous demander un effort encore supplémentaire», «de l’ordre de 65 millions» en 2026, après 50 millions en 2025, a indiqué la dirigeante de France Télé Delphine Ernotte Cunci lors d’un débat au Festival de la fiction de La Rochelle, espérant que le chiffre soit revu. «Tout y passe dans les lettres plafonds» transmises par le ministère de l’Économie et des Finances: recul du financement des programmes de flux (hors création et information), du sport, des baisses d’effectifs, et aussi «une baisse extrêmement forte sur les engagements de création», a-t-elle ajouté. 

Et d’insister: «Le secteur n’a jamais vécu ce choc économique-là», alors même que l’audiovisuel public «depuis 2012 n’a pas vu varier ses financements» en euros constants et «a absorbé 25% d’inflation». 

La dotation publique annuelle à France Télévisions s’élève à 2,57 milliards d’euros. La Cour des comptes doit rendre mardi un rapport sur l’entreprise. 

Le président du régulateur de l’audiovisuel (Arcom) Martin Ajdari a averti sur «les conséquences profondément délétères pour l’ensemble de l’écosystème» de ces coupes budgétaires, «à la fois trop brutales par leur soudaineté» et «par leur intensité». 

Une baisse d’une soixantaine de millions d’euros en 2026, «ça veut dire 85 épisodes de 52 minutes, une quarantaine de soirées par an, ou, pour le résumer, une case de fiction en moins sur France Télévisions» donc «c’est vraiment très grave», a appuyé Iris Bucher, présidente du syndicat de producteurs Uspa. 

Même Rodolphe Belmer, patron du groupe privé TF1, s’est dit «très mobilisé sur ce sujet». 

France Télé finançant un tiers des programmes de fiction audiovisuelle, il y a un besoin d’«alimenter notre secteur, nos industries créatives». Dans un entretien au Monde jeudi, Mme Ernotte Cunci avait fait le lien entre financement et «indépendance de l’audiovisuel public» (regroupant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, l’INA, TV5 Monde et Arte). «Lorsque je discute avec mes collègues européens, les seuls qui comprennent vraiment la situation sont la Suède et l’Ukraine» où «Volodymyr Zelensky, qui manque de tout, n’a pas coupé les crédits de l’audiovisuel public», avait-elle relevé.