Cible de critiques et en plein projet de réforme, France Télévisions entend «contribuer à la réconciliation du pays» et non «creuser les fractures», a affirmé mardi la patronne du groupe public Delphine Ernotte Cunci. «Il y a dans le pays à la fois une fatigue face à la polarisation et la brutalité du débat public et une demande insatisfaite de rassemblement», a souligné la présidente, récemment reconduite pour un 3ème mandat, lors d’une conférence de presse sur la prochaine rentrée télé. «Nous devons être à la hauteur de la situation de «polycrise» qui s’impose à nous» et «contribuer à la réconciliation du pays», a-t-elle martelé. «Notre responsabilité» est «de porter sur nos écrans quelques-unes des grandes valeurs qui fondent nos sociétés européennes», dont «le choix de la démocratie» et «la liberté d’informer et de créer en toutes circonstances», selon Delphine Ernotte Cunci, qui a clamé la devise «liberté, égalité, France.tv». Elle soutient le projet de holding commune pour l’audiovisuel public, porté par la ministre de la Culture Rachida Dati et en cours d’examen au Parlement. La présidente souhaite toutefois qu’il aboutisse à «une BBC à la française» sur le modèle britannique, soit «une entreprise unique», et non pas une «collection de filiales». Elle se prononce aussi contre un directeur de l’information unique, tel que suggéré dans le rapport de Laurence Bloch commandé par Mme Dati. Alors que le groupe est fréquemment visé par des critiques des médias dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, elle estime que «ceux qui prétendent défendre la liberté d’expression» sont «devenus les 1ers apôtres de l’intolérance». D’après un «baromètre de la réconciliation» commandé par le groupe audiovisuel, France Télé est cité par 40% des Français comme «le média qui contribue le plus au rassemblement du pays, devant les autres médias nationaux privés et la presse quotidienne régionale», a-t-elle fait valoir. Pour «rapproch(er) les médias des citoyens», de nouveaux programmes seront proposés, notamment sur France 3 avec Flavie Flament pour «un rendez-vous quotidien des régions» et avec Michel Field pour «Sans Filtre, une antenne libre ouverte à tous» en 2ème partie de soirée. Mme Ernotte Cunci a par ailleurs été interrogée sur l’arrivée de Léa Salamé aux manettes du 20H de France 2 alors qu’elle pourrait se retrouver en porte-à-faux si son compagnon Raphaël Glucksmann (Place Publique) se présentait à l’élection présidentielle. «On ne définit plus une femme par son conjoint», a rétorqué la présidente.