Grève illimitée à Radio France: les syndicats s’opposent au projet de rapprochement de l’audiovisuel public

A la veille d’une grève illimitée, les syndicats de Radio France ont redit mercredi leur opposition au projet gouvernemental de rapprochement des entreprises de l’audiovisuel public, examiné à l’Assemblée lundi et mardi, qu’ils jugent «extrêmement dangereux». «Le danger est grand pour Radio France, ses activités, ses personnels», a assuré Bertrand Durand, délégué CGT, lors d’une conférence de presse commune des syndicats à la Maison de la Radio à Paris. Si les entreprises de l’audiovisuel public sont regroupées sous l’égide d’une holding, comme le prévoit le projet, Radio France deviendra «une filiale sans PDG, sans conseil d’administration, sans budget», a estimé M. Durand. Le délégué CFDT, Renaud Dalmar, a dit sa crainte que le projet «cache» un «plan social» qui viserait à «réduire considérablement les emplois dans toutes les entreprises». Pour sa part, le SNJ (Syndicat national des journalistes) y voit «un danger pour l’indépendance de l’information», a souligné son délégué, Matthieu Darriet. Il a pointé l’hypothèse qu’une fois regroupées, les entreprises aient un directeur de l’information unique qui se retrouverait «seul» face aux «ingérences extérieures, politiques ou économiques». Cette piste ne figure pas dans le projet lui-même mais dans un rapport commandé par la ministre de la Culture, Rachida Dati, à l’ancienne patronne de France Inter Laurence Bloch. Mis entre parenthèses par la dissolution de l’Assemblée nationale à l’été 2024 puis plusieurs fois retardé, le projet de réforme de l’audiovisuel public sera examiné dans l’hémicycle lundi et mardi. Il est porté par Rachida Dati, qui a martelé sa détermination à le faire adopter. Il prévoit de créer une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l’Ina (Institut national de l’audiovisuel), sous l’autorité d’un PDG.

A France Télévisions et l’Ina, les syndicats appellent à la grève à partir de lundi. A Radio France, l’appel a lieu en deux temps: à partir de jeudi pour dénoncer les «économies» dans l’entreprise (dont l’arrêt de la radio Mouv’ sur la FM), puis contre le projet de holding à partir de lundi. Pour les syndicats, ce double mot d’ordre est un moyen de se distancier de la présidente de Radio France, Sibyle Veil, elle-même opposée au projet du gouvernement. Symboliquement, la conférence de presse a été conclue par les musiciens des orchestres de Radio France, qui ont joué le «Lacrimosa» du requiem de Mozart.