Harry et Jack WILLIAMS (The Missing) : «La recette d’un bon thriller ? Quand le téléspectateur s’interroge en permanence»

Harry et Jack WILLIAMS, Scénaristes de «The Missing»

France 3 souhaite faire évoluer son offre de séries étrangères. Elle vient de faire l’acquisition de «The Missing» (8X52’) diffusée ce soir en Prime. Pour en savoir davantage sur leur méthode de travail, média+ s’est entretenu avec Harry.

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La 1ère saison de «The Missing» a rencontré un bel accueil avec 7 millions de téléspectateurs en moyenne sur BBC. Quel est le point d’accroche de votre série ?

Harry WILLIAMS

Dans ce thriller psychologique de 8X52’, un enfant disparaît dans des circonstances troublantes, et ce sont des vies qui basculent jusqu’à l’obsession. Nous avions écrit les scénarios il y a 4 ans alors que nous étions au chômage. Nous voulions raconter une histoire qui se déroulait lentement avec ce grand point d’interrogation qui survole la vie des gens au sujet d’un enfant qui disparaît. La série se déroule simultanément sur deux époques, 2006 et 2014, et dans deux pays, et interroge sur le prix affectif de l’obsession, de l’espoir et du renoncement. Dès les premiers instants, on signale que notre sujet n’est pas tant l’événement que les effets du traumatisme dans le temps.

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Votre récit nuancé propose de nombreuses fausses pistes. C’est votre plus-value ?

Jack WILLIAMS

Oui, nous le pensons, mais ce n’est pas facile à appliquer. Une des raisons pour lesquelles la série se passe à la fois aujourd’hui et dans le passé, c’est que tout doit poser question. Le téléspectateur doit s’interroger en permanence. C’est la recette d’un bon thriller. Tout ce que nous écrivons peut devenir une intrigue. Ecrire à deux incite naturellement à creuser le sujet : il y en a toujours un pour relancer le questionnement. Chaque personnage réagit à sa manière et apporte son lot d’informations. Dans un drama traditionnel, vous voyez un cadavre et vous vous interrogez pour savoir qui l’a tué. Au contraire, quand il y a deux temps pour le récit, nous pouvons passer d’une période à l’autre et apporter des questions supplémentaires. Cela fait réfléchir et réagir le public.

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Comment se construit une insécurité angoissante dans une série ?

Harry WILLIAMS

Là-encore, en se concentrant sur les personnages plutôt que sur les faits. Si vous suivez simplement l’acte criminel, cela revient à narrer une histoire classique. Mais nous avons toujours pensé qu’un événement suffit à faire basculer la situation. Ce qui nous intéresse, c’est la perception de la tension intérieure des personnages. C’est communicatif.

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Qu’est-ce qui rend vos séries addictives ?

Jack WILLIAMS

L’impact dramatique sous-jacent peut naturellement rendre une série addictive. Il faut toujours donner envie aux gens de ne pas s’en aller. Il est typique d’avoir des cliffhangers à la fin de chaque épisode mais nous avons décidé d’en placer tout au long des épisodes pour tenir en haleine le spectateur. C’est notre technique. C’est ce que nous faisons aussi sur la saison 2 de «The Missing» avec une nouvelle enquête et de nouveaux personnages.

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Où se limite votre liberté scénaristique face à l’implication d’une chaîne et d’une coproduction internationale ?

Harry WILLIAMS

Nous avons eu beaucoup de liberté puisque nous avons écrit, seuls, de notre côté, la 1ère saison de «The Missing». On livre nos scénariis avec quelques notes. Suite à un succès, on vous laisse généralement tranquilles pour la suite. Pour info, nous préparons pour BBC1 un thriller moderne, «One of us», axé sur un double assassinat.