Le romancier Hervé Le Tellier, prix Goncourt 2020, voit un «danger» que la grande majorité des livres à l’avenir soient écrits grâce à l’intelligence artificielle. «Je ne fais pas partie de ceux qui disent que l’IA ne remplacera jamais nos auteurs. (…) Le danger existe que 80% de la production soit effectivement remplacée par des IA», a déclaré l’écrivain dans un entretien publié dimanche par la revue Le Grand Continent. Hervé Le Tellier, mathématicien de formation puis journaliste scientifique, a signé le prix Goncourt le mieux vendu du XXIe siècle, avec «L’Anomalie» en 2020. Lui-même avait accepté, en mars pour Le Nouvel Obs, de se mesurer à une IA pour écrire une nouvelle dont la première et la dernière phrases étaient imposées. «L’activité n’était pas inintéressante parce qu’on se rend compte qu’à force d’être nourrie par plein de livres, l’IA finit par faire apparaître des images littéraires», estime-t-il trois mois après. «L’idée que l’homme est insurpassable est absurde et un peu déiste. Il est possible que l’IA parvienne à égaler l’être humain dans tous les domaines. La seule chose qui va compter est finalement notre rapport à l’art, à l’oeuvre. A-t-on envie de lire un roman écrit par une IA?», a affirmé le romancier. Le secteur de l’édition en France reste très réticent face à l’aide de l’intelligence artificielle, pour une multitude de raisons comme l’originalité du style, le statut de l’auteur ou le risque d’erreurs factuelles. Certains auteurs y ont tout de même recours, demandant des suggestions pour améliorer leurs textes, voire rédiger des passages entiers. Rie Kudan, lauréate 2024 du prix Akutagawa, le plus prestigieux prix littéraire japonais, avait admis qu’«environ 5%» de son livre avait été écrit par une IA.