Le musicien français Jean-Michel Jarre a accusé samedi la plateforme Spotify de vouloir «se passer des artistes» en cherchant à diluer leurs chansons parmi des morceaux réalisés par l’intelligence artificielle.
Le compositeur d’«Oxygène» s’exprimait lors d’une table ronde à la Bibliothèque nationale de France (BnF), préalable au Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, lundi et mardi à Paris.
«Le rêve de Spotify, ce serait de se passer des artistes. Ça fait un moment que ça couve. Spotify, c’est un peu le Dark Vador de la musique», a-t-il accusé.
Il réagissait à des remarques sur l’arrivée sur les plateformes de streaming de fausses chansons et bruits générés par l’intelligence artificielle, de plus en plus nombreux.
D’après une journaliste américaine, Liz Pelly, qui a publié en janvier un livre d’enquête sur Spotify, le géant suédois du streaming place ainsi de «faux artistes» dans certaines de ses playlists de musique d’ambiance.
«Nous avons toujours eu à coeur de soutenir la croissance et le développement des artistes sur notre plateforme, avec plus d’outils, de transparence, de données et de nouveaux canaux pour fidéliser leurs audiences», a réagi un porte-parole de Spotify. «Nous sommes donc fiers du chemin parcouru et restons farouchement engagés à la découverte et à la croissance de l’industrie musicale enregistrée», a-t-il ajouté, en rappelant les 10 milliards de dollars reversés aux ayants droit rien qu’en 2024.
Jean-Michel Jarre s’est également montré, lors du débat, très offensif sur la protection du droit d’auteur face à l’utilisation des oeuvres pour entraîner les outils d’intelligence artificielle.
«On ne pourra pas approcher le problème des droits avec l’IA comme on l’a fait avec les Gafam», a-t-il considéré. «Il va falloir inventer quelque chose. (…) Il y a un gâteau, avant même que ces entreprises fassent des bénéfices, qui est leur valorisation. Et la culture doit en toucher une part». «Nos amis dans cette salle», a-t-il dit en regardant les entrepreneurs de l’IA, «ont compris qu’on est très bien armés, avec notre bande, non pas pour lutter, mais pour être rémunérés».
Il faisait référence, comme alliés, à d’autres participants de la table ronde, dirigeants des organismes français de gestion collective des droits d’auteurs, Sacem pour la musique et SACD pour le spectacle vivant.
Mais Jean-Michel Jarre a souligné qu’il utilisait lui-même l’intelligence artificielle pour composer. «J’ai nourri l’algorithme de ma propre musique», a-t-il précisé.




































