K. MAGASSA/C. GOUDOU (ZOA) :  » ZOA a une autonomie éditoriale, alignée sur notre cible : la jeunesse africaine »

K. MAGASSA/C. GOUDOU (ZOA) :  » ZOA a une autonomie éditoriale, alignée sur notre cible : la jeunesse africaine »

Installé à Dakar au sein du Hub Afrique de France Médias Monde, ZOA revendique une ligne claire: être un média «100 % Afrique, 100% numérique», porté par et pour la jeunesse du continent. À travers ses formats courts, ses reportages incarnés et son ton accessible, la rédaction veut raconter l’Afrique autrement – sans angélisme, ni militantisme, mais avec exigence et proximité. Kaourou Magassa, rédacteur en chef, et Cécile Goudou, rédactrice en chef adjointe, détaillent la vision de ce média panafricain nouvelle génération.

MEDIA +

ZOA se définit comme un média «100 % Afrique, 100 % numérique». Comment trouvez-vous l’équilibre entre ancrage local et ambition panafricaine, sans tomber dans le piège du «média de niche» ?

KAOUROU MAGASSA

L’ancrage local est au cœur de notre démarche. C’est d’ailleurs l’une des premières réflexions qui ont guidé la création de ZOA : comment raconter l’Afrique depuis l’Afrique, avec ceux qui la vivent au quotidien ? Cette volonté nous a conduits à bâtir une rédaction panafricaine, épaulée par des correspondants dans le plus grand nombre possible de pays francophones. Nous partageons une langue, mais aussi une immense diversité de cultures, de sensibilités et de points de vue. Et c’est précisément cette richesse qui nous éloigne du piège du «média de niche». D’Abidjan à Kinshasa, de Dakar à Cotonou, de Nouakchott à Douala, il y a des millions d’histoires à raconter. C’est cette pluralité d’expériences, de rêves et de réalités qui fait battre le cœur de ZOA.

MEDIA +

Vous dites vouloir «raconter l’Afrique par sa jeunesse». Comment éviter le piège du storytelling positif à outrance tout en conservant un regard journalistique exigeant ?

CÉCILE GOUDOU

C’est le ressort même de Zoa : raconter l’Afrique par sa jeunesse en conservant un regard journalistique exigeant. L’objectif de ZOA est bien de «raconter l’Afrique» pour ses jeunes, par des jeunes et à destination du monde, car en étant sur les réseaux, nous sommes ouverts sur le monde. Notre volonté est donc de diffuser des contenus instructifs tout en étant ludiques. Notre vocation est de rendre ces informations accessibles, utiles et pratiques afin que chacun y trouve des idées et l’envie de s’informer, de se construire ou même de changer les choses. Mais nous sommes et resterons des journalistes dans notre démarche. Nous accordons de l’importance à la déontologie, nous faisons notre travail sans angélisme ni militantisme.

MEDIA +

ZOA est hébergé au sein du Hub Afrique de France Médias Monde à Dakar. Comment conjuguer indépendance éditoriale et appartenance à un grand groupe public international ?

KAOUROU MAGASSA

En tant que média de France Médias Monde, nos locaux sont dans le Hub Dakar du groupe. FMM est un groupe qui réunit plusieurs médias aux formats différents (RFI, France 24, MCD, ENTR, Infomigrants), qui ont en commun la liberté, l’indépendance, la même rigueur professionnelle. ZOA a une autonomie éditoriale, alignée sur notre cible : la jeunesse africaine. La démarche éditoriale de ZOA est de travailler sur le quotidien des jeunes du continent avec un focus sur les sujets de société. Et l’autonomie éditoriale de notre rédaction réside dans le fait qu’il n’y a aucune interférence des autres rédactions ou services du groupe avec le choix et l’orientation éditoriale de nos sujets. En conférence de rédaction, notre équipe identifie ses sujets et décide en toute liberté de la façon dont elle les traite.

MEDIA +

L’Afrique francophone est aujourd’hui hyperconnectée via le smartphone, mais aussi particulièrement exposée à la désinformation. Comment comptez-vous imposer ZOA comme une référence d’information fiable sur les réseaux sociaux ?

KAOUROU MAGASSA

ZOA est dépositaire de la rigueur professionnelle qui caractérise France Médias Monde et notre travail s’inscrit aussi dans cette dynamique de fournir une information fiable, vérifiée, indépendante et accessible à nos publics. Des correspondants sur le terrain aux journalistes de la rédaction à Dakar, notre équipe travaille dans le strict respect des règles éthiques et déontologiques qui différencient la vraie information des infox qui essaiment dans le débat public. Non seulement nous observons ces précautions dans l’information que nous fournissons, mais nous travaillons aussi à sensibiliser nos publics aux dangers de la désinformation. Ceci, à travers notre rubrique Info Vérif dans laquelle nous donnons à nos abonnés les clés et réflexes pour démêler eux-mêmes la vraie info de la fausse.

MEDIA +

Quels formats, quels codes et quelles plateformes guident vos choix éditoriaux au quotidien ?

CÉCILE GOUDOU

Nous avons adopté des formats assez courts pour une consommation digeste de nos vidéos sur les réseaux sociaux, avec une déclinaison plus étendue à des vidéos de 4-5 minutes ou plus sur YouTube. Nous avons mis en place des rubriques telles que «C’est quoi ton quotidien ?» ; «Quand j’avais 20 ans» ; «Initiatives citoyennes» ; «Patrimoine» etc. pour consolider cette proximité voulue avec nos publics. Et pour alimenter ces rubriques, nous faisons du reportage, des interviews, des portraits, des genres journalistiques qui nous permettent de laisser la place à ceux qu’on interroge afin qu’ils s’expriment eux-mêmes à travers ZOA. Nous ne parlons pas des jeunes, nous parlons aux jeunes et nous faisons parler surtout les jeunes.

MEDIA +

Dans un environnement où les influenceurs dominent la conversation en ligne, comment ZOA entend-il concilier rigueur journalistique et attractivité numérique ?

KAOUROU MAGASSA

Dans un premier temps par notre travail, car en faisant la place aux reportages nous allons surprendre le public. Nous allons «montrer les villes, et montrer les gens», même en faisant des formats courts, nous comptons sortir de certains sentiers journalistiques qui ont tendance à accorder trop de place aux sujets institutionnels, à la politique ou aux conflits. Nous allons également surprendre en faisant un travail journalistique de proximité et incarné. Nos journalistes seront présents devant la caméra, pas pour se montrer à la manière de certains influenceurs, mais surtout pour se placer à côté de nos publics. Enfin, nous avons opté pour un graphisme novateur avec une palette de couleurs variées et accrocheuses qui donne à ZOA une touche très «pop» qui se marie bien avec ce qu’on peut avoir sur les réseaux.

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