L. GABRIÉ (L/Intruse) : «Nous voulons produire des récits à fort impact émotionnel et sociétal»

MEDIA +
Tetra Media Studio compte déjà plusieurs labels aux identités fortes. En quoi L/Intruse vient-il compléter cette offre ?
Léa GABRIÉ

Mon parcours chez Tetra Media Studio a toujours été guidé par l’envie et la passion. Après mon expérience chez Scarlett Production aux côtés de Joey Faré, j’ai rejoint Tetra Media Fiction car c’est une très belle maison d’auteurs créée par Emmanuel Daucé. Son récent départ a accéléré la réflexion sur la création de mon propre label. Normalement, lorsqu’un producteur fait ses preuves, la question d’un label se pose tôt ou tard. Dans mon cas, cela s’est fait naturellement, en cohérence avec l’évolution du groupe et notre rapprochement avec ITV Studios, Céline Roux et Thierry Lachkar. Concernant mon empreinte, je ne prétends pas faire quelque chose de totalement différent des autres talents du groupe. Nous avons d’excellents producteurs, qui ont chacun une approche singulière. Mon ambition, avant tout, est de produire des programmes de qualité, accessibles au grand public, mais qui touchent profondément. Le premier projet du label, «L’Intruse», incarne parfaitement cette ligne éditoriale. C’est une fiction exigeante, tout en restant fédératrice.

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Vous avez nommé votre label L/Intruse, en clin d’œil à votre première série en
tant que productrice. En quoi ce titre reflète-t-il votre philosophie de production ?Léa GABRIÉ

Le choix du nom peut sembler évident, mais il a été le fruit d’une longue réflexion. Je suis très attachée à «L’Intruse», non seulement parce que c’est ma première série en tant que productrice, mais aussi parce qu’il illustre une certaine idée de la télévision que je défends. Je suis une enfant de la télé, j’ai grandi avec elle et je considère ce média comme un art noble, souvent sous-estimé par rapport au cinéma. Or, contrairement au grand écran où le spectateur fait l’effort de se déplacer, la télévision entre directement dans les foyers. Elle s’impose dans le quotidien des gens, avec une exigence particulière : capter leur attention tout en restant accessible. Il y a donc une forme d’intrusion, dans le bon sens du terme, et cela correspond bien à mon approche : proposer des récits qui s’immiscent dans la vie des spectateurs, qui résonnent en eux. D’ailleurs, à titre plus personnel, je me considère moi-même un peu comme une «intruse» dans ce milieu. J’ai eu plusieurs vies avant d’arriver à la production : Sciences Po, des expériences à l’étranger, en diplomatie culturelle… Je ne savais pas que j’allais finir dans l’audiovisuel, mais je suis heureuse d’avoir trouvé ma place.

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Vous avez évoqué votre volonté de produire des œuvres grand public qui touchent profondément. Comment cela se traduit-il dans vos développements ?
Léa GABRIÉ

Des projets sont en développement, mais ils ne sont pas encore finalisés. Cependant, un fil rouge se dessine : des récits à fort impact émotionnel et sociétal. Dans mon parcours, j’ai eu la chance de travailler sur des fictions engagées, comme «Les Sauvages» de Rebecca Zlotowski sur Canal+, qui marquait l’émergence d’une nouvelle génération de talents, ou encore «Comme des Reines» sur France 2, qui abordait la prostitution des mineurs. «L’Intruse» s’inscrit aussi dans cette lignée, et les prochains projets du label suivront cette ambition. Ils seront ancrés dans la réalité, accessibles à tous, et en même temps porteurs de réflexions sur notre société. J’aime le divertissement intelligent, et si j’adorerais produire une comédie pure, je sais à quel point c’est difficile. En attendant, les premières œuvres du label seront des unitaires, avec un regard sociétal fort.

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Thierry Lachkar a souligné votre capacité à fédérer les talents…
Léa GABRIÉ

Beaucoup de collaborations viennent de rencontres faites dans mes précédentes expériences. «L’Intruse» s’est construite avec une scénariste que j’avais rencontrée chez Scarlett Production, et un de mes prochains unitaires sera porté par un auteur avec qui j’ai déjà travaillé dans une autre vie. Pour attirer les talents, je n’ai pas de stratégie marketing sophistiquée. Je privilégie une approche transparente et humaine : être claire sur mes intentions, mes envies, et construire des équipes alignées sur la vision d’un projet.

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Tetra Media Studio travaille avec de nombreux diffuseurs. Comment envisagez-vous la stratégie de L/Intruse à ce niveau ?
Léa GABRIÉ

Le service public a été un partenaire formidable sur «L’Intruse». France 2 nous a laissé une grande liberté éditoriale, ce qui est précieux dans un paysage où la prise de risque devient rare. Mais évidemment, les plateformes sont incontournables. L’objectif est de créer des ponts naturels avec elles. «L’Intruse» étant un projet légèrement «hors-norme» pour France 2, il pourrait bien intéresser d’autres acteurs internationaux. D’ailleurs, avec Shirley Monsarrat, la réalisatrice de la série, nous développons actuellement plusieurs projets à destination des plateformes, et pourquoi pas le cinéma. L’important est de ne pas s’enfermer dans un seul modèle de diffusion.

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Envisagez-vous de produire des documentaires ?
Léa GABRIÉ

Oui, clairement ! Sur un des unitaires en développement, nous envisageons d’associer un documentaire, en complément de la fiction. Évidemment, produire du documentaire demande un savoir-faire spécifique. Mais ayant travaillé avec Laurent Richard et Aurélia Rouvier sur «Banksy Most Wanted» et certains acteurs du secteur, je sais vers qui me tourner pour mener à bien ces projets.

LES DIRIGEANTS

Léa GABRIÉ
Directrice

COORDONNEES
60 rue Marcel
Dassault
Boulogne Billancourt

DATE DE CREATION
2025

PRODUCTIONS
«L’intruse (France 2)…