La Banque fédérale d’Allemagne a alerté jeudi sur les risques croissants que l’intelligence artificielle (IA) pourrait faire peser sur le système financier allemand, dans son rapport annuel sur la stabilité financière.
Si l’intelligence artificielle peut améliorer l’efficacité des services financiers et soutenir les décisions de crédit ou d’investissement, son impact reste «difficile à prévoir», affirme la banque centrale. «Les opportunités et risques liés à l’intelligence artificielle occupent donc une place centrale dans les discussions sur ses effets possibles sur la stabilité financière», selon le document.
Les établissements bancaires allemands utilisent déjà de plus en plus l’IA, pour des chatbots dans la relation clientèle par exemple, mais peu dans les domaines centraux comme l’analyse de la solvabilité d’un client ou le négoce. Les risques de crédit et de marché pourraient diminuer si les modèles d’IA traitent plus rapidement et systématiquement les informations.
Mais si les modèles sont entraînés «sur des ensembles de données similaires, ils peuvent provoquer un comportement homogène, accentuant les exagérations sur les marchés financiers et la volatilité», prévient la banque centrale.
L’IA pourrait aussi renforcer les concentrations et dépendances dans le système financier: plus son usage ou le développement de modèles propres est coûteux, plus certains acteurs pourraient accroître leur pouvoir de marché, et de nouvelles dépendances vis-à-vis de quelques fournisseurs pourraient émerger, selon le document.
La «Buba» met également en garde contre des risques indirects: l’automatisation pourrait modifier les modèles économiques traditionnels, réduire la demande de main-d’oeuvre et compliquer l’évaluation des risques de crédit dans certains secteurs, accentuant potentiellement les risques de marché et de défaut.
Face à ces incertitudes, l’institut monétaire plaide pour une surveillance accrue des systèmes d’IA utilisés dans le coeur de métier des banques. Elle prône en l’occurrence une coopération internationale, notamment via le Conseil de stabilité financière (Financial Stability Board), un organe international créé après la grande crise de 2008 et siégeant à Bâle, en Suisse. Dans son rapport annuel, la Bundesbank affirme par ailleurs que les tensions géopolitiques et conflits commerciaux, comme l’augmentation de la dette publique en Europe, sont des facteurs qui pèsent sur la stabilité du système financier allemand.
Dans ce contexte, les valorisations «très élevées» des actions et obligations font que ces produits de placement ne sont pas à l’abri de «corrections abruptes», conclut la Bundesbank.


































