Après une légère amélioration ces
 dernières années, la proportion de
 femmes à l’antenne s’est dégradée en
 2018 à la radio et est restée stable à
 la télévision selon le rapport annuel
 du CSA, qui pointe notamment une
 baisse «préoccupante» des invitées
 politiques dans ces médias. Le Conseil
 supérieur de l’audiovisuel évalue
 depuis 2013 la représentation des
 femmes à la radio et à la télévision et
 publie régulièrement des statistiques à
 partir des données que lui fournissent
 les chaînes. De manière générale, la
 proportion de femmes à l’antenne, à la
 télévision et à la radio, était de 39%
 l’an dernier, alors qu’elles représentent
 51,6% de la population note le CSA. La
 proportion de femmes à la télévision
 s’est établie à 42% (stable sur un an)
 contre 37% (-1 point) à la radio, selon
 ce baromètre. «On n’est pas dans une
 bonne dynamique, les radios font
 plonger les chiffres et cette baisse
 est préoccupante», déplore Carole
 Bienaimé-Besse, conseillère du CSA en
 charge des questions de représentation.
 Par catégories, les animatrices/
 présentatrices sont 47% (-1 point),
 les journalistes chroniqueuses 38%
 (-2 points) et les invitées politiques
 ne sont que 27%, un recul significatif
 de 5 points par rapport à 2016. «Cette
 sous-représentation est d’autant plus
 préoccupante qu’en 2017, le personnel
 politique de l’Assemblée nationale
 s’est particulièrement féminisé (39%
 de femmes élues après les élections de
 juin 2017 contre 27% après celles de
 juin 2012)», souligne le CSA. «Ce n’est
 pas de la mauvaise volonté mais des
 mauvais réflexes. On invite toujours
 les mêmes «bons clients», les médias
 ne font pas l’effort d’aller chercher
 les interlocutrices. Certaines disent
 qu’elles ne sont pas à l’aise à l’antenne
 mais l’expérience s’acquière au fil
 du temps», estime Carole Bienaimé-
 Besse. Une donnée positive toutefois
 : le taux d’expertes ne cesse de croître
 depuis 2016 (+7 points) et se situait
 en 2018 à 37%. Tout comme l’avait
 relevé l’Ina dans une étude portant
 sur une quinzaine d’années en début
 de semaine, la proportion de femmes
 à l’antenne est particulièrement
 faible aux heures de grande écoute à
 la télévision, constate le CSA. Elles
 sont 39% sur la tranche 18h-20h (+14
 points par rapport à 2016) mais ne sont
 que 29% sur la tranche 21h-23h (-4
 points). S’agissant des radios, le CSA
 relève que la part des femmes dans les
 matinales (39%) a significativement
 augmenté par rapport à 2016 (+4
 points).
 Des progrès en fictions : A cette étude
 quantitative, le CSA ajoute également
 une analyse des programmes luttant
 contre les préjugés sexistes et les
 violences faites aux femmes. En
 2018, le Conseil note ainsi que sur
 vingt-sept chaînes de télévision,
 seulement dix (37%) ont accordé
 plus de temps d’antenne à ce genre de
 programmes qu’en 2017 : TF1, France
 5, C8, Cnews, France Ô, L’Équipe,
 RMC Découverte, LCI, France 24 et
 Paris Première. En revanche l’étude
 souligne qu’un «grand nombre de
 fictions audiovisuelles mettent en
 avant des femmes à travers des
 personnages principaux dénués de
 préjugés sexistes». «Une bonne
 fiction, comme le téléfilm Jacqueline
 Sauvage, avec un message fort
 et une diffusion à une heure de
 grande écoute est fédératrice et plus
 efficace qu’un discours politique»,
 estime Carole Bienaimé-Besse. Le
 régulateur a également entamé des
 discussions avec des chaînes pour
 lutter contre les stéréotypes de genre
 dans certaines émissions de téléréalité.
 «Ces émissions sont très regardées
 par les plus jeunes. Est-ce qu’on peut
 parvenir à les faire sans jouer sur ces
 stéréotypes? Nous pensons que oui»,
 indique la conseillère.
 
             
		