Le gouvernement britannique a de nouveau demandé à Apple de pouvoir accéder aux données chiffrées de ses utilisateurs sur le «cloud» (informatique dématérialisé), une requête qui, contrairement à la première, ne vise cette fois que les ressortissants britanniques, a rapporté mercredi le «Financial Times». Contacté, un porte-parole du ministère de l’Intérieur s’est refusé à tout «commentaire sur les questions opérationnelles». «Nous prendrons toujours toutes les mesures nécessaires au niveau national pour assurer la sécurité des citoyens britanniques», a-t-il ajouté. Citant des sources proches du dossier, le Washington Post avait révélé début 2025 que Londres avait demandé à Apple de créer une «porte dérobée» (un moyen secret pour accéder à des données, NDLR) permettant de «récupérer tous les contenus que les utilisateurs d’Apple du monde entier ont téléchargés sur le cloud». Une requête effectuée, selon le journal, en vertu d’une loi de 2016 offrant des pouvoirs de surveillance très étendus à la police et aux services de renseignement de Sa Majesté. Mais le Royaume-Uni avait ensuite renoncé à cette demande, avait assuré en août la directrice du renseignement national américain Tulsi Gabbard sur X. Selon le Financial Times, qui cite des sources proches du dossier, une nouvelle demande du même type a cependant été formulée début septembre par le ministère britannique de l’Intérieur. Le quotidien économique précise qu’elle ne concerne «que les données des citoyens britanniques». Le groupe américain avait annoncé au moment de la première demande – sans jamais évoquer directement le gouvernement britannique – qu’il était contraint d’abandonner le service de chiffrage ultra-sécurisé de son «cloud» pour les utilisateurs au Royaume-Uni. Le géant californien a indiqué mercredi qu’il n’était «toujours pas en mesure d’offrir» dans ce pays cette fonctionnalité, grâce à laquelle «les données ne peuvent être déchiffrées que par leur propriétaire et uniquement sur ses appareils de confiance». «Comme nous l’avons déjà dit à maintes reprises, nous n’avons jamais créé de porte dérobée (…) et nous ne le ferons jamais», a insisté Apple. L’affrontement avec le gouvernement britannique s’inscrit dans un débat technologique et politique de fond depuis des années entre les partisans d’une protection absolue de la vie privée et ceux qui y voient un obstacle aux enquêtes sur des activités criminelles ou terroristes. Parmi les géants américains de la tech, Apple est celui qui communique le plus sur la sécurisation des données de ses utilisateurs.