Les Éditions Fayard, passées dans le giron de Vincent Bolloré, publient mercredi un pamphlet de l’ancienne directrice de la chaîne de télévision russe RT France, Xenia Fedorova, qui estime que la liberté d’expression est de plus en plus restreinte dans l’Hexagone. Cette dernière est aujourd’hui une intervenante régulière sur la chaîne CNews et écrit dans l’hebdomadaire JDNews, également dans le giron du milliardaire conservateur, où elle diffuse le même argumentaire.
Dans «Bannie», cette journaliste de 44 ans raconte son parcours et déplore la façon dont la chaîne publique financée par l’Etat russe RT a émis en France sous un contrôle étroit, puis a été interdite après l’invasion de l’Ukraine. «Lorsque les valeurs de liberté et de liberté d’expression sont publiquement prônées, mais sélectivement restreintes, cela soulève des questions sur la portée réelle des principes démocratiques», écrit-elle. Xenia Fedorova est devenue journaliste de Russia Today en 2005. Après un début de carrière à Moscou, elle a été envoyée à Paris en 2014, où elle a obtenu une autorisation de diffuser pour la chaîne en français à partir de décembre 2017. Cette autorisation a été révoquée en février 2022, quand l’armée russe a envahi l’Ukraine. RT France a continué d’émettre vers d’autres pays, avant de devoir fermer en raison du gel de ses comptes bancaires en janvier 2023. Au cours de ses quatre années d’autorisation, RT France a été visée par de multiples accusations de «désinformation» au profit du pouvoir russe. Mais pour Mme Fedorova, «l’offensive russe, la guerre en Ukraine n’étaient qu’un prétexte (…) Nous dérangions». En mai 2017, à l’occasion de la venue à Versailles du président russe Vladimir Poutine, son homologue Emmanuel Macron avait pris à partie la journaliste russe, qui venait de lui poser une question en conférence de presse. Il avait répondu: «J’ai toujours eu des relations exemplaires avec les journalistes étrangers, encore faut-il qu’ils soient journalistes». «Réponse assassine», «une exécution en règle et en public», «une humiliation publique», déplore-t-elle. «Il me désignait tout simplement comme une propagandiste».
Les Éditions Fayard, propriété de Louis Hachette Group et donc du milliardaire Vincent Bolloré, se sont lancées dans la publication d’auteurs classés très à droite ou à l’extrême droite. Elles ont été en novembre la première grande maison d’édition à accueillir un dirigeant de parti d’extrême droite, Jordan Bardella (Rassemblement national) avec «Ce que je cherche».