Les grands médias, vedettes malgré eux de la présidentielle

    Pour la première fois dans une campagne présidentielle, plusieurs des principaux candidats mettent en cause l’impartialité de grands médias, propriétés d’industriels accusés de favoriser notamment Nicolas Sarkozy. «C’est quelque chose de tout à fait nouveau», relève Jean-Marie Charon, sociologue des médias. «La question des médias et du pluralisme était totalement absente de la campagne de 2002», a-t-il déclaré. Les critiques sur le traitement de l’insécurité ou le poids des sondages étaient apparues après le premier tour et s’étaient exprimées «surtout dans la rue». Avec l’élection 2007, «on a un vrai changement», renchérit Hélène Risser, journaliste et auteur de «Faiseurs de rois» (éditions Privé). Jusqu’à présent, les politiques critiquaient les médias, mais à mots couverts – à l’exception de Jean-Marie Le Pen – par peur d’être boycottés, ajoute-t-elle. «Il y a eu un retournement complet. Les politiques ont compris que la défiance du public était telle que c’est devenu un argument de campagne», selon cette spécialiste des médias. François Bayrou, candidat UDF, a tiré la première salve dès août 2006 : il accuse les grands groupes industriels, à travers les médias qu’ils possèdent, d’ «orienter» les Français vers un «choix tout fait» entre Nicolas Sarkozy (UMP) et Ségolène Royal (PS). En janvier, il vise «les grandes puissances médiatiques». Ségolène Royal lui emboîte le pas et s’en prend en février «aux conglomérats de la finance et des médias». Cibles de ces attaques : TF1, première chaîne de télévision en France, et les médias du groupe Lagardère (Paris-Match, Europe 1…), dont les patrons respectifs, Martin Bouygues et Arnaud Lagardère, sont proches de M. Sarkozy. Jean-Pierre Elkabbach, patron d’Europe 1, n’a pas souhaité répondre.