Le Ses détracteurs l’appelaient «Chat Control»: l’Union européenne va renoncer à la mesure la plus critiquée d’un texte contre la pédocriminalité, une technologie qui aurait permis de scanner les conversations privées, a indiqué une source diplomatique ce jeudi 30 octobre.
La Commission européenne a présenté en 2022 une proposition de loi visant à lutter contre la prolifération d’images et vidéos d’abus sexuels sur des enfants – une initiative qui a nourri des débats enflammés au cours des dernières années. Soutenue par plusieurs associations de protection de l’enfance, elle prévoyait d’obliger les plateformes et services de messagerie en ligne à détecter puis signaler de tels contenus.
Le texte était toutefois vivement critiqué par des eurodéputés et certains pays dont l’Allemagne, qui y voyaient une atteinte «disproportionnée» au respect de la vie privée. Ces acteurs s’inquiétaient tout particulièrement de l’utilisation d’une technologie permettant de scanner les conversations privées d’utilisateurs, y compris sur des messageries cryptées comme Signal ou WhatsApp, à la recherche de matériel pédopornographique.
Le dossier a donné lieu à des discussions particulièrement «difficiles» entre les 27 pays membres de l’UE «sur la confidentialité et la cybersécurité», a affirmé une source diplomatique européenne. Après plusieurs années de tractations, le Danemark, qui occupe actuellement la présidente tournante de l’Union européenne, a donc finalement décidé de retirer cette mesure contestée du texte, dans l’espoir qu’il soit enfin adopté. Et pour cause: les règles actuellement en vigueur pour détecter les contenus pédopornographiques en ligne expirent bientôt, en avril 2026.
C’est «une avancée majeure», a salué le militant allemand et ancien eurodéputé Patrick Breyer, fervent opposant à la mesure, surnommée «Chat Control» par ses détracteurs et qui a fait l’objet d’une mobilisation intense sur les réseaux sociaux. Un rapport de l’organisation britannique Internet Watch Foundation (IWF) publié en 2024 estimait que 62% des contenus pédopornographiques étaient hébergés sur des serveurs situés dans l’UE.

































