Alors que 71% des enfants de 11 ans possèdent déjà un smartphone, Bouygues Telecom lance Kids Watch, une montre connectée sans Internet. Objectif : offrir une première autonomie numérique aux enfants tout en limitant les risques liés aux écrans et aux réseaux sociaux. Marc Laurier, directeur marketing Grand Public, détaille les ambitions et enjeux de cette innovation.
MEDIA +
Bouygues Telecom prend le contre-pied du marché en lançant Kids Watch, une montre connectée sans internet. Retarder l’arrivée du premier smartphone chez l’enfant, n’est-ce pas paradoxal pour un opérateur télécom ?
MARC LAURIER
C’est vrai que la question peut sembler paradoxale. Mais chez Bouygues Telecom, nous considérons que nous avons une vraie responsabilité sur ces sujets. Depuis plusieurs années, nous avons multiplié les initiatives : des forfaits évolutifs, mais aussi le programme Reconnectés lancé en 2023, qui propose des vidéos pour encourager le dialogue familial autour du numérique. Notre directeur général a même publié une tribune sur ce thème avant l’été. Notre rôle, c’est d’accompagner les enfants dans leurs premiers pas numériques, de leur apprendre à utiliser ces outils avec discernement. Nous voulons être l’opérateur de référence des familles, en apportant des réponses concrètes à leurs préoccupations. L’année dernière, nous avions déjà lancé B.iG, une offre dégressive pensée pour soulager le budget des foyers. Avec Kids Watch, nous allons plus loin : nous apportons une alternative crédible au smartphone, à un moment souvent vécu comme une source de tension dans les familles. Les enfants demandent plus d’autonomie, les parents veulent les accompagner, mais sans les exposer trop tôt aux réseaux sociaux ni à des contenus inappropriés. Kids Watch répond précisément à cet équilibre.
MEDIA +
Vous positionnez Kids Watch comme une alternative sécurisée. Mais certains y voient une dépendance à l’écosystème Bouygues, avec un produit et des forfaits spécifiques.
MARC LAURIER
Notre premier objectif est d’apporter une solution concrète aux familles. Quand un parent se demande «quelle est la meilleure option pour mon enfant ?», nous voulons que Bouygues Telecom ait la réponse. Évidemment, si nos clients sont satisfaits, nous espérons qu’ils resteront ensuite chez nous au moment du passage au smartphone. Mais l’essentiel, c’est d’avoir une offre adaptée et accessible.
MEDIA +
Votre discours insiste sur la protection des enfants face aux écrans, mais vous continuez à promouvoir des forfaits data toujours plus généreux. Comment conciliez-vous ces deux positions ?
MARC LAURIER
Les forfaits généreux en data s’adressent à des publics adultes ou adolescents, pas aux enfants plus jeunes. Jusqu’ici, l’approche des opérateurs était assez standardisée : de petits forfaits pour les enfants, de gros forfaits pour les gros consommateurs. Mais le numérique est devenu beaucoup plus complexe et les parents ont parfois du mal à s’y retrouver. Notre rôle est donc de proposer une solution clé en main au smartphone, que nous considérons inadapté pour des enfants de 9-10 ans.
MEDIA +
Vous évoquez un prix «accessible». Concrètement, combien coûte Kids Watch ?
MARC LAURIER
La montre peut être achetée comptant au prix de 97 euros. Mais pour la rendre plus accessible, nous proposons aussi une formule à 1 euro puis 4 euros par mois pendant 24 mois. À cela s’ajoute un forfait bloqué, sans dépassement possible : 4,99 €/mois pour les clients B.iG et 9,99 €/mois pour les autres. Nous avons vraiment veillé à ce que le coût reste maîtrisable pour le plus grand nombre.
MEDIA +
La géolocalisation et le bouton SOS sont des arguments sécuritaires. Mais certains craignent une banalisation du «tracking» des enfants. Comment répondez-vous à cette critique ?
MARC LAURIER
La localisation n’est pas activée par défaut. C’est un paramètre que les parents choisissent d’activer ou non, et qu’ils peuvent suspendre à tout moment. Ce que nous observons, c’est que les parents appellent ou envoient un SMS pour savoir si leur enfant est bien rentré à la maison. Souvent, ils n’obtiennent pas de réponse, ce qui génère de l’inquiétude. Là, en un coup d’œil, ils peuvent vérifier que tout va bien. C’est un outil rassurant, surtout à l’âge où l’enfant commence à se déplacer seul. Et puis il faut être lucide: aujourd’hui, le partage de localisation est déjà largement intégré dans les usages, y compris via WhatsApp ou d’autres applications. Kids Watch s’inscrit dans cette logique, mais de manière encadrée et réversible.
MEDIA +
La cible se situe-t-elle bien entre 6 et 11 ans ?
MARC LAURIER
Nous pensons que la tranche d’âge la plus adaptée se situe autour de 9-10 ans, entre la fin du CM2 et l’entrée au collège. Mais en réalité, tout dépend des modèles familiaux : certains parents attendent le lycée pour donner un smartphone, d’autres préfèrent équiper plus tôt, notamment en cas de garde alternée. Kids Watch peut accompagner l’enfant jusqu’au début de la 4ème. Ensuite, la pression sociale – le fait que tous les camarades soient équipés d’un smartphone – devient souvent déterminante.
MEDIA +
Votre communication s’appuie sur une tribune et des contenus digitaux. Est-ce suffisant pour exister face à Apple ou Samsung, qui occupent déjà l’imaginaire des jeunes ?
MARC LAURIER
L’accueil a été extrêmement encourageant. Pour un produit lancé sans campagne télévisée, nous avons eu un niveau d’intérêt médiatique et client rarement observé. Nous lançons cette semaine une campagne dédiée autour de l’idée de «retarder le smartphone». Et surtout, Kids Watch crée du dialogue en boutique : parents et conseillers discutent réellement de la meilleure solution d’équipement pour l’enfant. C’est exactement ce que nous recherchons : ouvrir la discussion, susciter la réflexion et proposer une alternative crédible.




































