Microsoft : des résultats considérés insuffisants à l’ère de la course à l’IA

Microsoft a réalisé 24 milliards de profits trimestriels, mais son cloud (informatique à distance) a déçu le marché mercredi, dans un contexte de remise en question des géants américains de l’IA face à la concurrence chinoise moins chère. Son c.a. – près de 70 milliards de dollars, en hausse de 12% sur un an – et son bénéfice net sont tout juste supérieurs aux prévisions pour le 2ème trimestre comptable de l’entreprise (d’octobre à décembre 2024). Mais à 31%, la croissance d’Azure, sa plateforme de cloud, est ressortie légèrement moins bonne qu’escompté par les analystes. «Microsoft a connu un bon trimestre, mais ce n’est pas ce que les investisseurs attendent d’un géant de l’IA qui dépense comme s’il construisait le «Death Star» (station spatiale de la taille d’une planète dans les films de la Guerre des Etoiles), juge Jeremy Goldman, analyste chez Emarketer. L’action du groupe américain perdait plus de 4% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York. Depuis le lancement à succès de ChatGPT par OpenAI fin 2022, les grandes entreprises technologiques sont lancées dans une course ultra-rapide à l’IA générative, et le marché surveille de près leurs dépenses colossales en puces de pointe et serveurs dernier cri, guettant des résultats en termes de recettes. Or la start-up chinoise DeepSeek vient de montrer qu’il est possible de rivaliser avec ChatGPT et d’autres modèles perfectionnés pour seulement une fraction du coût considéré comme normal jusqu’à présent. Le modèle R1 de DeepSeek «a ébranlé les marchés et soulevé des questions difficiles pour Microsoft», note Jeremy Goldman. Ses investissements «sont-ils vraiment nécessaires alors qu’une IA moins chère s’avère viable ?» Satya Nadella, patron de Microsoft, a affirmé lundi sur les réseaux qu’une IA moins chère était bénéfique pour tout le monde. Mais au forum économique de Davos la semaine dernière, il avait appelé à «prendre très, très au sérieux les développements en provenance de Chine». Mercredi, il a assuré dans le communiqué de résultats de son groupe que «l’activité d’IA» de Microsoft «a déjà dépassé un c.a. annuel de 13 milliards de dollars, en hausse de 175% d’une année sur l’autre». Le géant de l’informatique prévoit de dépenser 80 milliards de dollars entre l’été 2024 et l’été 2025, dont plus de la moitié aux Etats-Unis, pour construire les nouveaux centres de données et serveurs considérés nécessaires à la nouvelle génération d’IA. Microsoft a en outre versé 750 millions de dollars à OpenAI le trimestre dernier, selon la chaîne américaine économique CNBC, portant son investissement total dans la star de la Silicon Valley à près de 14 milliards. Mais le numéro deux mondial du cloud, derrière Amazon et devant Google, «doit convaincre les entreprises que ses offres ne se limitent pas à des mots à la mode», a mis en garde Jeremy Goldman. L’entreprise a centralisé les nouvelles fonctionnalités d’IA générative dans Copilot, son assistant IA, disponible notamment dans sa suite de logiciels Microsoft 365 (Word, Excel, etc.). «Copilot est à la fois une promesse et un problème», relève l’analyste. «Malgré une forte adoption par les entreprises du classement Fortune 500, les critiques internes et externes sur ses performances insuffisantes jettent une ombre sur son avenir» «Les utilisateurs décrivent l’assistant comme n’offrant que 25% des capacités promises – un problème qui pourrait lui couper les ailes au moment même où il est censé s’envoler», ajoute-t-il. Microsoft fait partie des potentiels repreneurs de TikTok, menacé d’interdiction aux Etats-Unis à moins que son propriétaire chinois, ByteDance, ne la cède à une société américaine. Donald Trump a déclaré qu’il cherchait une solution avec Pékin, et que le groupe informatique pourrait jouer un rôle.