S. MAHÉ (Blue Spirit Productions) : « Notre priorité est d’accélérer à l’international »

À l’occasion du lancement de la série «Les Chapardeurs» sur TF1/TFOU, adaptée pour la première fois à la télévision, d’après l’œuvre de Mary Norton, Sylvie Mahé, DGA & Productrice de Blue Spirit Productions revient sur les enjeux créatifs et stratégiques de la société.

MEDIA +

Quels enjeux éditoriaux et visuels la production des «Chapardeurs» a-t-elle soulevés ?

Sylvie MAHÉ

Nous travaillons sur ce projet depuis plusieurs années. Initialement pensé sous la forme d’une série feuilletonnante en 26X26’, nous avons finalement opté pour un format de 52X13’. Ce choix nous a permis d’élargir l’univers au-delà de la seule relation entre les deux principaux protagonistes, en inventant de nouvelles familles de Chapardeurs, ces petits êtres qui vivent à notre insu dans les murs de nos maisons. Nous avons ainsi pu aborder des thèmes plus universels comme la solidarité, la transmission et la vie en communauté. Sur le plan visuel, l’enjeu était de créer une identité graphique forte, de rendre les personnages immédiatement attachants et de susciter une véritable empathie, pour donner envie de partager leur quotidien. Nous avons recherché un équilibre subtil entre fantaisie, tendresse et authenticité, afin de rendre ce monde miniature à la fois crédible et accessible aux enfants.

MEDIA +

Blue Spirit vise-t-elle à renforcer son ancrage en France ou à accélérer à l’international ?

Sylvie MAHÉ

Clairement, accélérer l’internationalisation. Les coproductions permettent de limiter les risques financiers et d’ancrer les programmes dans une dimension internationale dès leur conception. Dans l’animation, il est crucial de produire des contenus capables de toucher tous les enfants du monde.

MEDIA +

Comment choisissez-vous vos coproductions ?

Sylvie MAHÉ

Tout part d’une envie commune. Les projets d’animation s’étalent sur plusieurs années, il est donc essentiel que ce temps se passe bien. Au départ, les visions ne sont pas toujours identiques, mais l’important est de construire une convergence et une vraie relation de confiance.

MEDIA +

Quels investissements réalisez-vous dans les nouvelles technologies pour optimiser vos pipelines de production ?

Sylvie MAHÉ

Nous intégrons progressivement l’IA et différents outils pour automatiser les tâches répétitives ou rébarbatives. L’idée est de préserver la valeur ajoutée des équipes sur la partie créative et artistique, et de déléguer aux machines ce qui peut être traité plus rapidement.

MEDIA +

Quels sont vos plus forts potentiels de croissance à l’international ?

Sylvie MAHÉ

Nous avons deux activités : la production déléguée et le studio de fabrication. Comme beaucoup de grands studios, nous avons souffert d’un retrait des commandes, notamment venues des États-Unis. Plutôt que de cibler un territoire en particulier, nous préférons aujourd’hui rester très à l’écoute du marché et être capables de nous adapter rapidement.

MEDIA +

Le recrutement dans l’animation a longtemps été sous tension. Est-ce encore le cas ?

Sylvie MAHÉ

Non, ce n’est plus le cas. La baisse d’activité et les difficultés rencontrées par plusieurs sociétés ont desserré la tension. Le vrai enjeu aujourd’hui est de redéployer les talents et de proposer des formations pour maintenir les compétences, en attendant une reprise plus soutenue.

MEDIA +

Pourtant, avec Netflix, Prime Video ou Disney+, on aurait pu croire à une explosion d’opportunités ?

Sylvie MAHÉ

C’est vrai que l’arrivée des plateformes a ouvert le champ des possibles. Mais aujourd’hui, nous traversons une phase de redéfinition structurelle du secteur. Les stratégies évoluent, les modèles économiques aussi. Nous devons nous adapter à cette mutation globale.

MEDIA +

Des projets en cours ?

Sylvie MAHÉ

Nous venons de lancer la saison 3 d’«Alice et Lewis» en partenariat avec TF1, la RAI et un coproducteur italien. Nous présenterons également au Cartoon Forum un projet original en coproduction avec Atomic Cartoons, intitulé «Action Rabbits», une série d’action-comédie autour de quatre lapins, pensée pour un public international. Nous développons aussi «Ma vie est un manga» en partenariat avec France Télévisions et notre filiale Brain Comet. Enfin, côté long-métrage, nous avons 4 à 5 films en cours : certains en financement comme «La Balade de Yaya» et «La Poudre d’escampette», d’autres en développement, écriture ou design graphique.