À la tête du pôle Divertissement du groupe RMC BFM, Stéphane Sallé de Chou orchestre les chaînes RMC Découverte, RMC Story, RMC Life et la plateforme RMC BFM Play. Entre promesse de divertissement «feel good», stratégie de marques fortes, ouverture aux créateurs digitaux et ancrage documentaire, il détaille pour Média+ une vision offensive face à un marché saturé, où la télévision doit désormais exister autant en linéaire qu’en streaming et sur les réseaux sociaux.
MEDIA +
Si vous deviez pitcher RMC Life en quelques secondes, comment la décririez-vous ?
STÉPHANE SALLÉ DE CHOU
RMC Life, c’est la chaîne qui fait du bien. L’époque est dure, et cela ne va pas s’arranger. Nous voulions créer une chaîne dans laquelle on se sente bien, comme dans un cocon : un plaid, une tasse de thé au coin du feu, et des programmes réconfortants. C’est une chaîne pensée d’abord pour les femmes, mais qui parle à tout le monde. On y retrouve des «programmes doudous» comme «Castle», «Cold Case», «Lucifer», des films comme «Sex and the City» ou «Erin Brockovich», et des magazines incarnés comme «Ça se discute» revisité par Estelle Denis. L’idée est simple : apprendre des choses de manière détendue, et rappeler que la vie n’est pas que sombre.
MEDIA +
Vous insistez sur l’identité féminine de RMC Life. Qu’est-ce que cela implique concrètement ?
STÉPHANE SALLÉ DE CHOU
La convention nous engage : RMC Life est un média féminin, incarné par des femmes, destiné aux femmes. Cela ne signifie pas que les hommes n’y trouvent pas leur compte, mais dans la famille RMC, chaque chaîne a son territoire : RMC Découverte est masculine et passionnée, RMC Story est mixte et divertissante, RMC Life se concentre sur le bien-être et la vie quotidienne.
MEDIA +
Le choix du nom «RMC Life» s’est-il imposé facilement ?
STÉPHANE SALLÉ DE CHOU
Nous avons beaucoup brainstormé, car nous voulions éviter l’anglicisme. Mais «life» est entré dans le langage courant, surtout chez les jeunes : «c’est ma life». Cela dit exactement ce que nous voulons raconter : la vie des Françaises.
MEDIA +
Vous dirigez déjà RMC Découverte et RMC Story. Vous êtes vous inspirés de leur modèle pour construire la grille de RMC Life ?
STÉPHANE SALLÉ DE CHOU
Oui, nous avons repris un modèle qui fonctionne. Sur Découverte et Story, nous avons un fond de grille solide et rentable, et nous investissons sur des Primes puissants, même si la première diffusion n’est pas toujours rentable. RMC Life suit la même logique : une base stable jusqu’à 21h00 avec des marques fortes comme «7 la maison», «Alice Nevers» ou «Un gars, une fille» bientôt, et de grands rendez-vous en Prime pour incarner la chaîne.
MEDIA +
Justement, comment se démarquer dans un univers saturé de contenus?
STÉPHANE SALLÉ DE CHOU
Chaque matin à 9h01, nous regardons les audiences de la veille. Historiquement, nous nous comparons à TF1, M6, France Télévisions… mais la réalité, c’est que nous sommes en concurrence avec tout le marché du divertissement : YouTube, Netflix, Prime Video, Disney+, Max, mais aussi un match au Parc des Princes, un film au cinéma ou une sortie au Parc Astérix. Un Français a en moyenne 6 heures de temps libre par jour, dont 4h30 consacrées aux écrans. Mon enjeu est simple : exister dans ce temps-là. Pour y parvenir, nous avons trois leviers. 1) Des marques fortes : un programme comme «Le Bigdil», c’est un phare dans la nuit. Je sais que le lendemain matin, les résultats seront là, en linéaire, en streaming et en social. 2) Les créateurs de contenus: nous travaillons avec des talents digitaux légitimes dans leur domaine, capables d’apporter à leur communauté. Exemple : Baptiste des «Pilotes du Dimanche» sur «Vintage Mécanic», qui a permis le meilleur démarrage de l’émission depuis deux ans et demi. 3) La plateforme RMC+ : les plus de 40 ans regardent la TV, les trentenaires le streaming, les moins de 20 ans les extraits sur leur téléphone. RMC+ permet de rassembler tout cela, partout et tout le temps.
MEDIA +
La nostalgie est aussi très présente dans vos programmes, avec le retour de «Plein les yeux» sur RMC Story. Est-ce un axe stratégique durable ?
STÉPHANE SALLÉ DE CHOU
Oui, parce que c’est une valeur refuge. Dans une époque difficile, la nostalgie rassure. Et elle séduit aussi les jeunes : «Le Bigdil» cartonne sur les plateformes. Nous sommes leaders TNT tous les vendredis, la régie est contente, et le replay continue de grimper. C’est une marque qui vit bien. Mais on ne peut pas se limiter à ça. Il faut aussi créer des formats neufs, en phase avec l’époque, comme le «Comedy Show» de Benjamin Morgaine. L’humour est une nécessité sociale aujourd’hui.
MEDIA +
Le documentaire reste un pilier de RMC Découverte…
STÉPHANE SALLÉ DE CHOU
C’est notre ADN. Chaque année, nous diffusons plus de 5.500 heures de documentaires, dont plus de 150 soirées de créations originales. Et nous avons un vrai atout : rajeunir le public. Là où le documentaire attire en moyenne des 65-70 ans, nous avons réussi à descendre à 45 ans grâce à des choix narratifs modernes, de la 3D et des thématiques pop culture. Et nous surfons sur l’actualité. Quand «Le Comte de Monte-Cristo» triomphe au cinéma, nous lançons un documentaire sur la véritable histoire. Idem avec Robin des Bois que nous revisitons à travers le prisme historique. C’est notre manière de rendre le documentaire divertissant.
MEDIA +
Quelle est la promesse éditoriale globale des chaînes RMC ?
STÉPHANE SALLÉ DE CHOU
Découvrir et divertir. Qu’il s’agisse d’un documentaire sur l’Égypte ou d’un format de divertissement, nous voulons que le téléspectateur ressente une récompense, comme s’il avait voyagé. Nous nous adressons à des communautés passionnées – mécanique, histoire, animaux, parentalité – avec l’ambition de créer des contenus singuliers, fédérateurs et impactants.



































