Il est devenu milliardaire en révolutionnant le marché de la musique: vingt ans après avoir cofondé Spotify, Daniel Ek cède les rênes d’un groupe en forme, et va pouvoir relever ses nouveaux défis dans la défense et la santé. « J’ai évolué et je suis progressivement passé du rôle de joueur à celui d’entraineur », a dit ce mardi M. Ek en présentant aux investisseurs les deux hommes qui vont lui succéder au poste de directeur général au 1er janvier. Nommés « co-présidents » en 2023, Alex Norström et Gustav Söderström « ont montré qu’il étaient capables » de diriger Spotify, a écrit Daniel Ek aux salariés du groupe. Chauve, barbu et habillé de manière décontractée, généralement en baskets, t-shirt et veste, le Suédois de 42 ans a promis de travailler avec ses successeurs sur les « grandes décisions stratégiques » que va devoir prendre Spotify. La plateforme veut en particulier prouver à ses clients et aux artistes qu’elle est transparente dans son utilisation de l’intelligence artificielle, dont elle prône une utilisation « authentique et responsable ». En vingt ans, M. Ek a transformé la start-up européenne en géant du streaming coté à New York, enregistrant son premier bénéfice net annuel en 2024, à 1,1 milliard d’euros. Spotify affiche aujourd’hui une capitalisation boursière de 149 milliards de dollars (environ 127 milliards d’euros) et Forbes estime la fortune de Daniel Ek à plus de dix milliards de dollars. Pour Daniel Ek, comme pour Spotify, le point de départ s’appelle Rågsved, banlieue modeste du sud de Stockholm, où il grandit. Issu d’un milieu ouvrier, il n’est encore qu’un petit garçon quand son père quitte le foyer. Gamin doué en programmation – « je veux faire mieux que Bill Gates », fanfaronne-t-il à 11 ans – le jeune Daniel gagne déjà sa vie au collège en créant des sites internet. Il racontera avoir transformé plusieurs de ses camarades en sous-traitants de sa petite entreprise. A 23 ans, il décroche son premier million de dollars en vendant Advertigo, une société de publicité en ligne et se trouve un parrain en la personne de Martin Lorentzon, homme d’affaires de 14 ans son aîné à la fortune déjà bien faite. Début 2006, le duo imagine un service de distribution de musique légal et principalement gratuit face aux plateformes de téléchargement pirates qui pullulent alors. C’est en traînant en caleçon dans l’appartement de Daniel à Rågsved, surchauffé par les serveurs informatiques, que naît le nom de la start-up. « Parce que vous êtes jeune et dans mon cas assez naïf, vous vous dites souvent +ça, ça ne doit pas être trop dur+. Quand j’ai fondé Spotify, je ne savais même pas que j’avais besoin de licences des maisons de disques », racontera Ek quelques années plus tard. Il passe deux ans dans les avions pour finalement convaincre les majors de la musique de lui ouvrir leurs catalogues: Spotify lance finalement son service en 2008. Suit une décennie de parcours d’obstacles qui voit la société s’étendre du seul marché suédois à d’autres pays d’Europe puis aux Etats-Unis en 2011, malgré l’hostilité d’Apple et de Steve Jobs. Depuis, Spotify s’est développé au-delà de la musique pour devenir une plateforme de l’audio: podcasts, actualités, livres audio et éducation. Son cofondateur a entrepris d’investir dans de nouveaux secteurs: santé et défense. Avec Shakil Khan, l’un des premiers investisseurs dans Spotify, ils misent sur Helsing, start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle militaire et les drones de combat. Le groupe a ainsi testé en juin avec succès un programme de conduite autonome d’un avion de chasse suédois Gripen. Daniel Ek a aussi investi dans Neko Health, spécialisée en bilan de santé préventive. Avec son système de scan corporel, la startup souhaite créer un système de santé préventif complet.



































