T. SÉNÉCAL (CANAL+) : «L’internationalisation est l’un de nos axes stratégiques majeurs»

T. SÉNÉCAL (CANAL+) : «L’internationalisation est l’un de nos axes stratégiques majeurs»
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Avec 100% des Coupes européennes en exclusivité, une Premier League diffusée dans plus de 50 pays et plus d’1 milliard de vues digitales autour de la Ligue des Champions la saison dernière, Canal+ affiche ses ambitions pour 2025-2026. Entre arrivée de Steve Mandanda, nouveaux formats digitaux, expériences immersives inédites et internationalisation accélérée, le groupe veut consolider sa place de leader dans l’univers du sport. Entretien avec Thomas SÉNÉCAL, Directeur des Sports de CANAL+.

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CANAL+ diffuse en exclusivité l’intégralité des compétitions européennes de clubs. Comment comptez-vous valoriser cette offre pléthorique pour maintenir votre avance face à une concurrence de plus en plus fragmentée sur les droits sportifs ?

THOMAS SÉNÉCAL

Pour valoriser un droit aussi exceptionnel, nous misons sur trois piliers : l’innovation, l’expertise et l’immersion. L’innovation, c’est filmer toujours mieux, décrypter et analyser davantage ce qui se passe sur les terrains. L’immersion, c’est emmener nos abonnés au cœur de l’action : nous voulons qu’ils soient encore mieux installés chez eux qu’au stade. Et puis l’expertise, c’est celle de nos journalistes et de nos consultants. Samir Nasri poursuit l’aventure avec nous, David Ginola également. Et nous enrichissons régulièrement notre équipe : cette saison, Steve Mandanda rejoint le dispositif. Un symbole, lui qui détient le record de matchs joués avec l’OM, au moment même où le club retrouve l’Europe, avec des audiences historiques l’an dernier (près de 2 millions d’abonnés devant certains matchs).

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Quelle est votre stratégie en matière de recrutement et de renouvellement des consultants ?

THOMAS SÉNÉCAL

Nous travaillons à deux niveaux: la notoriété et l’expertise. Nous aimons faire appel à des personnalités connues et reconnues du grand public, comme David Ginola en football, Jacques Villeneuve en Formule 1 ou Sébastien Chabal en rugby. Mais nous souhaitons aussi révéler des talents moins médiatisés, en valorisant leur sens de l’analyse, leur capacité à lire un match ou une course. Je pense par exemple à Adrien Tambay en F1, à Franck Montagny, ou à Aline Riera en football. Nos abonnés apprécient cette diversité. Certains consultants développent même une sorte de sixième sens : Randy De Puniet en MotoGP, par exemple, sent les choses avant tout le monde, et c’est ce qui fait leur valeur. Nous cherchons une alchimie : installer des voix sur la durée (comme Samir Nasri, prolongé jusqu’en 2029), tout en renouvelant régulièrement le panel. Les consultants ne sont pas des retraités du sport : ils sont des passeurs, des repères pour nos abonnés.

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Vous accentuez vos efforts sur les formats digitaux originaux. Comment participent-ils à fidéliser une nouvelle génération de fans ?

THOMAS SÉNÉCAL

Ces formats sont essentiels. «Fastlife», lancé récemment avec Julien Fébreau, cartonne : il nous embarque dans son quotidien de Grand Prix, avec des rencontres improvisées (Charles Leclerc, des fans, d’autres pilotes). Ce type de contenu, très authentique, séduit les jeunes, y compris ceux qui ne sont pas encore abonnés. Même logique avec «Team Zarco» : nous l’accompagnons dans les moments difficiles comme dans sa victoire historique au Mans. Résultat : une audience digitale massive, des millions de vues, et une proximité renforcée avec les fans. Nos contenus digitaux sont un laboratoire d’innovation : 30 secondes sur TikTok, 40 minutes sur YouTube, liberté totale de format. Beaucoup de programmes sont nés ainsi, avant de rejoindre nos antennes (comme «Détective Mathoux» ou «24H de Boulleau»). Aujourd’hui, une journée de Ligue des Champions génère plus d’un milliard de vues cumulées sur nos réseaux sociaux.

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Comment réinventer l’expérience du direct à l’heure où la consommation fragmentée gagne du terrain ?

THOMAS SÉNÉCAL

Nous cherchons à nous mettre dans la peau de l’abonné. Quand sept matchs de Ligue des Champions se jouent en simultané, il veut savoir ce qui se passe partout, immédiatement. Le multiplexe répond à ce besoin : résultats, infos de dernière minute, ambiance dans les stades, triplés, expulsions, classements en direct. C’est un hub interactif: je regarde le multiplexe, puis je bascule sur un match qui m’intéresse, et je reviens au multiplexe. Cette formule a cartonné l’an dernier et nous la déployons désormais aussi sur la Premier League. Dynamisme, réactivité et interactivité, c’est la clé pour garder le direct incontournable.

MEDIA +

De Platini à Tapie, en passant par Enzo Ferrari, vous multipliez les documentaires premium. Quelle logique éditoriale guide vos choix ?

THOMAS SÉNÉCAL

Nous jouons sur deux registres. D’un côté, notre réactivité : Johann Zarco gagne au Mans et, une semaine plus tard, nous sortons un documentaire sur son exploit. De l’autre, des projets de long terme pour construire un véritable hall of fame du sport. Depuis trois ans, nous avons doublé l’offre documentaire. On y retrouve Antoine Dupont, John McEnroe, Sébastien Loeb, Laure Manandou, Marie-Jo Pérec, bientôt Michel Platini. Nous expérimentons aussi de nouvelles écritures, comme «Le Club», une série sur le FC Versailles, très storytelling. Enfin, «Au Micro» illustre notre volonté de détecter de nouveaux talents de commentateurs. Tristan Quercy, vainqueur de la saison 2 à seulement 19 ans, fait déjà ses débuts sur notre antenne. Nous réfléchissons à des déclinaisons, peut-être sur d’autres sports.

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CANAL+ est un acteur majeur de la Premier League, diffusée dans plus de 50 pays. Jusqu’où peut aller cette internationalisation ?

THOMAS SÉNÉCAL

C’est l’un de nos axes stratégiques majeurs. Nous avons pris le contrôle de Multichoice, en Afrique. Le Groupe combiné compte désormais plus de 40 millions d’abonnés dans près de 70 pays d’Afrique, d’Europe et d’Asie. Nos droits sportifs sont travaillés de manière internationale, avec nos homologues en Pologne, au Vietnam, en Afrique du Sud… La Premier League est le championnat le plus puissant du monde, et nous voulons montrer cette dimension globale. Début 2026, nous organiserons un week-end spécial pour faire découvrir aux abonnés français comment la Premier League est suivie au Myanmar, en Afrique du Sud ou en république tchèque. C’est aussi ça, la mondialisation du groupe CANAL+.

 

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