Le procès de 4 hommes pour l’assassinat particulièrement violent en 2021 d’un étudiant de 19 ans, Simon Arthuis, dont ils voulaient subtiliser les investissements en cryptomonnaie, s’est ouvert lundi devant la cour d’assises de la Haute-Saône. Calmes et attentifs, le visage juvénile pour certains, les 4 accusés se sont présentés à l’ouverture de leur procès à Vesoul. Le verdict est attendu au terme de deux semaines d’audience, le 13 juin. L’ancien conjoint de Simon Arthuis, Mickaël Calabrese, et deux de ses proches, Benjamin Ardouin, 22 ans, et Dylan Hoguin, 26 ans, encourent la réclusion criminelle à perpétuité pour assassinat. Le frère jumeau de Mickaël Calabrese, Jonathan Calabrese, 36 ans, comparaît libre pour ne pas avoir empêché ce crime. Le procès des assassins présumés de Simon Arthuis s’ouvre au moment où plusieurs tentatives d’enlèvement d’acteurs du marché des cryptomonnaies occupent la justice française, des soupçons planant sur l’existence de réseaux organisés. Lundi aux assises, pas de donneurs d’ordres ni de petites mains recrutées. Le banc des accusés est occupé par des proches de Simon Arthuis. En août 2021, le corps de cet étudiant originaire de Tours avait été retrouvé dans un étang à Plancher-Bas, petite commune située dans l’est de la Haute-Saône. L’autopsie avait révélé 46 plaies sur le corps de la victime, dont des coups de couteau au niveau du cou et du torse. Aucun n’a été mortel, faisant penser au procureur de Besançon de l’époque, Etienne Manteaux, à «une séance de torture». L’étudiant est finalement mort noyé, après avoir été jeté dans l’étang, encore agonisant. D’après les investigations de la section de recherches de la gendarmerie de Besançon, ce passionné d’informatique avait créé «un logiciel pour boursicoter dans le domaine des cryptomonnaies». Il avait révélé à son compagnon, Mickaël Calabrese, domicilié à Montbéliard (Doubs), avoir amassé environ 200.000 euros en cryptomonnaies, dont des bitcoins. Ce dernier en avait informé son frère jumeau Jonathan Calabrese et sa femme, habitant en Haute-Saône, qui hébergeaient deux jeunes de leur famille à la personnalité fragile : Benjamin Ardouin et Dylan Hoguin. Lors de la découverte du cadavre, le compagnon avait d’abord déclaré aux gendarmes avoir été la cible, avec l’étudiant, d’une agression homophobe, avant d’admettre lors de sa garde à vue avoir participé à l’assassinat, avec les deux jeunes hommes. Le trio avait reconnu a minima son implication. Les suspects avaient finalement révélé que le frère jumeau et sa femme les avaient aidés à préparer le crime. Ces cinq individus aux revenus modestes avaient déjà déterminé la répartition du butin à venir. Une première tentative d’assassinat par deux des accusés avait d’ailleurs échoué la veille du crime et sera également jugée lors du procès. La femme de Jonathan Calabrese avait été mise en examen en 2021 pour «non dénonciation d’assassinat» et aurait dû être jugée en même temps que les quatre suspects mais elle sera finalement jugée ultérieurement en correctionnelle pour des raisons de santé, selon l’un des avocats de la défense. «Tous ont des liens de famille plus ou moins éloignés. Ils se connaissent tous très, très bien», a expliqué Enguerrand Bagot, l’avocat de Dylan Hoguin. Celui-ci décrit le milieu «carencé» des accusés, face à la famille «bien insérée» de la victime, dont les parents et le frère se sont constitués partie civile. L’enjeu de ce procès sera de déterminer l’implication de chacun: qui a porté les coups, à quel point le crime était-il prémédité ? Les agressions visant des professionnels des cryptomonnaies et leurs proches se sont multipliées ces derniers mois. Signe que la menace est prise au sérieux, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a réuni mi-mai les professionnels de la cryptomonnaie pour «prendre ensemble des mesures pour les protéger».