Voice of America : confusion autour de la reprise d’antenne de la radio internationale

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La justice américaine s’est finalement opposée samedi soir à la reprise d’antenne et au retour au travail de journalistes de la radio internationale Voice of America (VoA) que le président Donald Trump entend démanteler, comme d’autres médias publics. Un arrêt d’une cour d’appel de Washington – par deux voix de magistrats contre une – a annulé des décisions de première instance de juges de la capitale et de New York, en mars et avril, qui s’étaient opposées à une ordonnance de la Maison Blanche réclamant la suspension de la diffusion de VoA.

L’un des journalistes historiques de VoA, Steve Herman, chef des correspondants aux Etats-Unis et ex-reporter à la Maison Blanche, a publié sur X l’arrêt de la cour d’appel et estimé «peu probable que les journalistes de VoA retournent au travail lundi» 5 mai, comme ils le pensaient. La nouvelle patronne de USAGM, organisme fédéral supervisant plusieurs médias publics américains, Kari Lake, une femme politique ultraconservatrice très proche de Donald Trump, a salué sur X une «GRANDE VICTOIRE judiciaire (…) et une énorme victoire pour le président» des Etats-Unis. Quelques heures plus tôt pourtant, des avocats de l’organisation française «Reporters sans frontières (RSF) et de VoA (avaient) appris par un courriel du ministère de la Justice que les équipes de ce média emblématique de l’audiovisuel extérieur américain seraient en mesure de reprendre le travail dans les heures à venir», s’était réjouie RSF. D’après ce message, «les comptes de 1.406 employés et contractuels de USAGM et VoA ont été réactivés» en vue d’un «retour des programmes la semaine prochaine». Mi-mars, l’administration Trump avait mis en congé des journalistes et commencé à en licencier certains au sein de VoA, ainsi que dans d’autres médias publics.

«Sortir VoA du coma va demander du temps et un effort herculéen pour rétablir nos services en près de 50 langues et essayer de retrouver nos quelque 340 millions d’auditeurs d’avant la suspension d’antenne», a encore prévenu M. Herman, avant la décision de la cour d’appel. La directeur de RSF Thibaut Bruttin a d’ailleurs appelé «à la prudence» face au «cheminement erratique de l’administration Trump» et réclamé que «des garanties soient apportées sur la pérennité du financement alloué par le Congrès américain à l’ensemble des médias de l’USAGM».

Voice of America, que l’on peut comparer aux services à l’étranger de la BBC ou de RFI, a été créé pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec Radio Free Europe, née en pleine Guerre froide, et Radio Free Asia, créée en 1996, ces radios portent «la voix de l’Amérique» à travers le monde, notamment dans des pays dirigés par des régimes autoritaires. Donald Trump avait signé mi-mars un décret qui rangeait USAGM et ses 3.384 employés, parmi les «éléments inutiles de la bureaucratie fédérale».