Le 90ème anniversaire de la fin de la Première guerre mondiale est l’occasion pour France 2 de diffuser un documentaire captivant et inattendu: «14-18, le bruit et la fureur», retraçant ces quatre années de tourmente à travers le récit d’un soldat. La forme du documentaire, réalisé par Jean-François Delassus, renouvelle ce que l’on a pu voir maintes fois sur cette période. Les archives, documents d’actualité ou de propagande, ont été restaurées, sonorisées et colorisées et se mêlent à des images de films de fiction de plusieurs époques. En 1914, le cinéma en est à ses débuts, les caméras filment sur ordre et ne peuvent pas suivre un soldat pendant l’assaut. C’est l’armée qui organise des reconstitutions pendant ou après le conflit. La sonorisation d’archives muettes confère au documentaire une force émotionnelle certaine. Le fil conducteur est la voix d’un jeune soldat qui a traversé toute la guerre, qui a lu, vu beaucoup de films, et réfléchi sur ce qu’il avait vécu. Jean-François Delassus adopte la thèse défendue par l’historienne Annette Becker, auteur avec Stéphane Audouin-Rouzeau du livre «14-18, retrouver la guerre». Ces deux historiens portent sur la Première guerre mondiale un regard allant à l’encontre de la vision habituelle d’une guerre subie, d’une troupe contrainte à se battre par une poignée de généraux. «La vérité est différente», dit le jeune soldat. «Notre guerre est librement consentie, sinon pourquoi moi et tous les autres on aurait accepté quatre années de douleurs intenses ?».