Lors d’un repas organisé par Canal+ à l’occasion du MipCOM à Cannes, média+ en a profité pour s’entretenir avec Ara Aprikian, Directeur des Programmes de Flux de Canal+.
média+ : Vous ne vendez pas le concept de vos émissions, pourquoi ?
Ara Aprikian : Parce que nous avons une vision très propriétaire de nos concepts. En réalité, nous n’étions pas encore prêts pour le faire puisque nous n’avions pas d’émissions au format assez solide. A vrai dire, tout repose sur la personnalité des présentateurs qui les incarnent. Toutefois aujourd’hui, nous pourrions essayer de vendre une émission comme «Le Grand journal» car le programme est davantage mécanisé avec des rubriques et des thèmes récurrents. C’est une piste de développement vers laquelle nous allons nous diriger.
média+ : En quoi «Le Grand Journal» est devenu l’émission phare de Canal+ ?
Ara Aprikian : «Le Grand Journal» est devenu une sorte de véritable alternative face aux grandes chaînes hertziennes, grâce à un mélange inédit d’informations, d’événements et d’actualité du spectacle, le tout sur un ton qui mêle le sérieux à l’humour mais sans mélange des genres inapproprié. Cette mayonnaise a pris au fil des émissions et des années, et je crois qu’aujourd’hui les progrès d’audiences – que nous constatons tous les jours – sont le résultat de notre travail. C’est sans doute l’une des émissions les plus fortes du PAF parce que nous avons travaillé chaque édition pour que nos rubriques soient plus incisives et que le casting des chroniqueurs autour de la table soit le plus pertinent possible. De plus, il y a eu des politiques événementielles qui ont commencé pendant la campagne présidentielle avec des coups qui agrègent un public nouveau.
média+ : Pourquoi achetez-vous si peu de concepts d’émissions ?
Ara Aprikian : Nous achetons très peu de formats pour Canal+ puisque nous entendons faire de l’original programming, y compris dans nos émissions de flux qui ont un caractère et une originalité que nous ne trouvons nulle part ailleurs. Même pas à l’étranger. C’est pour cette raison que nous essayons d’apporter des offres très spécifiques à Canal+. Nous n’achetons pas de formats mais il est toujours intéressant de voir l’état de la créativité, des formes et des expressions dans le monde.
média+ : Comment allez-vous réagir face à la suppression de la publicité sur France Télévisions ?
Ara Aprikian : Nous allons voir. Il y aura des effets induits sur la construction de la programmation de Canal+ sur l’offre en clair. Mais nous attendons de voir comment les acteurs médiatiques vont réagir avant de réajuster éventuellement nos programmes. Pour être clair, nous réagirons par rapport aux autres chaînes – en fonction de l’heure de démarrage des primes. Dans cette partie de poker, nous ne pourrons pas commencer nos premières parties de soirée plus tard que les autres.
média+ : Avez-vous de nouveaux projets en cours ?
Ara Aprikian : Les grilles de Canal+ sont très pérennes. Ce sont des programmes de saisons sur lesquels nous ne construisons pas de prime time particuliers. Les grilles de programmes sont imposées en début d’année et elles finissent généralement la saison. Nous essayons de construire une pérennisation de notre offre et cela a considérablement augmenté le statut de nos émissions. Nous travaillons sur le fond mais pas forcément sur le fait de changer pour changer.
média+ : Un grand changement a par ailleurs été réalisé dans «L’édition spéciale» ?
Ara Aprikian : «L’édition spéciale» a sensiblement évolué puisque nous avons changé de présentateur. Bruce Toussaint a remplacé Samuel Etienne. Nous avons mis en place une nouvelle forme visuelle, une nouvelle écriture mais nous avons gardé une partie des mêmes chroniqueurs comme Anne Elisabeth Lemoine, Ariel Wizman. Nous sommes très satisfaits de la formule mise en place depuis septembre puisque nous réalisons 30% d’audience en plus.
média+ : Mais que devient Virginie Efira ?
Ara Aprikian : Elle travaille sur son divertissement humoristique hebdomadaire de 26′ qui sera diffusé chaque week-end en Access prime time à la fin de l’année 2008. Un projet très ambitieux auquel nous consacrons beaucoup de temps et d’énergie et pour lequel nous sommes encore en phase d’écriture. Par ailleurs, l’écriture est pilotée par l’un des auteurs des «Guignols».