Reporters sans Frontières a adressé lundi une lettre ouverte au roi de Thaïlande pour l’alerter sur les «abus» de la répression du crime de lèse-majesté, en particulier depuis l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement fin 2008. L’organisation de défense de la liberté de la presse souligne que toutes les enquêtes policières initiées pour crime de lèse-majesté dont elle a eu connaissance «ont été relancées depuis la mise en place du nouveau gouvernement, souvent pour des propos tenus il y a plus d’un an». «La facilité avec laquelle des poursuites peuvent être engagées à l’encontre des citoyens thaïs et des étrangers résidant dans le royaume est déconcertante, et l’opacité judiciaire et policière qui caractérise ces affaires n’est pas digne d’un Etat démocratique», écrit le secrétaire général de RSF, Jean-François Julliard. L’organisation demande l’abandon des charges portées à l’encontre de sept personnes accusées de crime de lèse-majesté, dont l’universitaire de gauche Giles Ji Ungapkorn, et la grâce de l’écrivain australien Harry Nicolaides. L’image de la monarchie est protégée par une législation extrêmement sévère en Thaïlande où les personnes reconnues coupables du crime de lèse-majesté sont passibles de 15 ans de prison. Le nouveau gouvernement thaïlandais, qui a pris ses fonctions en décembre, a intensifié la répression du crime de lèse-majesté et a annoncé son intention de bloquer l’accès à 3 800 sites web dont les contenus sont jugés insultants pour la monarchie.