Une cour californienne a tranché mardi en faveur des entreprises de la Silicon Valley en colère contre le gel des visas de travail décidé par le président Donald Trump en juin.
«La cour a rejeté la tentative du gouvernement de Trump d’instaurer des restrictions de façon accélérée et de contourner le processus public normal», a déclaré le Bay Area Council, une organisation qui représente les intérêts de sociétés de la baie de San Francisco, où se trouvent la plupart des géants des technologies. En juin dernier, Donald Trump, dont la campagne présidentielle traversait une mauvaise passe, avait annoncé le gel des cartes vertes et de certains visas de travail, dont les H-1B très utilisés dans le secteur de l’informatique et du numérique.
Son décret avait suscité une levée de boucliers de la part des patrons de Google, Apple et autres sociétés, et des recours en justice de la part d’organisations comme la Chambre américaine du Commerce et le Bay Area Council. Le gouvernement a échoué «à démontrer qu’il avait de bonnes raisons pour se dispenser» des exigences et procédures administratives requises, déclare la cour californienne dans sa décision en faveur des plaignants. Le juge Jeffrey White a décidé de suspendre deux règles du gouvernement qui auraient forcé les entreprises à payer plus cher les salariés recrutés avec des visas H1-B et à restreindre les types d’emplois remplissant les conditions pour ce visa. Les avocats du gouvernement ont cité la pandémie de Covid-19 et la crise économique pour justifier le contournement du processus administratif classique. Un argument rejeté par le juge, qui n’a pas vu «d’urgence extrême».
En juin, Donald Trump avait assuré vouloir aider les travailleurs américains, confrontés à la forte hausse du chômage liée à l’épidémie.
Mais le durcissement de la politique migratoire «va empêcher les entreprises américaines, dans la tech et ailleurs, de recruter les hommes et les femmes dont ils ont besoin pour renforcer leur personnel, relancer l’économie et alimenter l’innovation», s’était indigné Jason Oxman, le président de l’Information Technology Industry Council, une association professionnelle qui comprend plus de 70 sociétés, dont Apple, Amazon, Google, Facebook et Microsoft.
«Dans la baie de San Francisco, 40-45% des entreprises technologiques ont été fondées par des entrepreneurs immigrants», rappelle le Bay Area Council dans son communiqué mardi. «Sur 91 licornes (entreprises non cotées valorisées à plus d’un milliard, ndlr), récemment interrogées dans tout le pays, plus de la moitié avait au moins un fondateur immigrant».