Facebook se soumet à une loi controversée en nommant un représentant légal en Turquie

Le géant américain des réseaux sociaux Facebook a annoncé lundi qu’il allait nommer un représentant légal en Turquie, se soumettant à une loi controversée qui pourrait l’obliger à retirer des contenus sur injonction de la justice.
«Conformément aux nouvelles dispositions légales, nous avons décidé d’entamer les démarches afin d’avoir un représentant officiel en Turquie», a déclaré Facebook dans un communiqué. Le vice-ministre turc des Transport et des Infrastructures, Omer Fatih Sayan, a déclaré que cette mesure concernait aussi le réseau social Instagram, propriété de Facebook. A l’appel du président Recep Tayyip Erdogan qui voulait «mettre de l’ordre» dans les réseaux sociaux, le Parlement turc a voté en juillet une loi renforçant considérablement le contrôle des autorités sur les principales plateformes.
Ce texte, entré en vigueur en octobre, oblige les réseaux sociaux avec plus d’un million de connexions uniques par jour, comme Twitter et Facebook, à avoir un représentant en Turquie, sous peine de sanctions, et obéir aux tribunaux demandant le retrait de certains contenus sous 48 heures. Pour ses détracteurs, cette loi ouvre la porte à la censure, les autorités turques faisant inlassablement la traque aux critiques sur les réseaux sociaux. En novembre, la Turquie a commencé à infliger des amendes de 10 millions de livres turques (plus d’un million d’euros) aux réseaux sociaux n’ayant pas encore de représentant à cette date, dont Facebook. L’annonce de Facebook lundi intervient d’ailleurs à la veille de l’entrée en vigueur d’un deuxième volet de sanctions concernant l’interdiction de revenus publicitaires.
Pour rassurer ses utilisateurs, le réseau social dirigé par Mark Zuckerberg a affirmé lundi qu’il ne ferait aucune concession sur la liberté d’expression.
Si les autorités turques «insistent» pour le contraindre à effacer des contenus qu’il juge conformes à ses propres règles d’utilisation, Facebook «retirera son représentant» de Turquie, a mis en garde le réseau social dans son communiqué. Les réseaux sociaux sont étroitement surveillés par le gouvernement turc et de nombreux procès pour «insulte au chef de l’Etat» ou «propagande terroriste» ont été intentés sur la base de simples tweets.
En 2019, la Turquie a bloqué l’accès à 408.000 sites, 40.000 tweets, 10.000 vidéos YouTube et 6.200 partages sur Facebook, selon un rapport de l’Association de la liberté d’expression. Avant Facebook, le réseau social chinois TikTok avait annoncé début janvier qu’il nommerait un représentant. A ce stade, Twitter n’a pas annoncé l’envoi d’un représentant en Turquie.