Lagardère veut accentuer les «synergies» avec son nouveau propriétaire

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Désormais «dans la famille Bolloré» après son rachat par Vivendi, le groupe Lagardère veut accentuer les «synergies» avec son nouveau propriétaire, à l’image du rapprochement entre la radio Europe 1 et la chaîne de télé CNews, a-t-il exposé jeudi lors de son AG. «Nous sommes désormais dans la famille Vivendi. Si je puis me permettre ce mot personnel, nous rentrons dans la famille Bolloré, ce que je trouve encore plus flatteur», s’est félicité Arnaud Lagardère, PDG du groupe et fils de feu son fondateur, Jean-Luc. Après un long feuilleton, Lagardère a été acquis fin novembre par Vivendi, géant des médias contrôlé par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré. Pour la 1ère AG des actionnaires post-rachat, M. Lagardère s’est dit «extrêmement heureux de ce mariage»: «Peut-être qu’on a moins de marge de manoeuvre qu’avant, mais c’est pour le bien de l’entreprise». «La rigueur» de Vivendi «en termes financiers (…) va nous faire beaucoup de bien», a-t-il assuré face à des questions sur l’endettement du groupe (2,1 milliards d’euros fin 2023). Selon son dirigeant, Lagardère va s’appuyer sur la «puissance financière» de Vivendi pour «poursuivre son développement». Cela passe par des «synergies industrielles», comme celle entre Europe 1 et CNews (groupe Canal+, contrôlé par Vivendi), qui ont de multiples émissions en commun. CNews est régulièrement accusée par des figures de gauche de promouvoir les idées ultra-conservatrices prêtées à Vincent Bolloré. En septembre, sa vedette, Pascal Praud, a rejoint Europe 1, en provenance de RTL. Cela a coïncidé avec un regain d’audience pour la radio, après des années de chute libre. Ces synergies se voient aussi dans l’organigramme de Lagardère, où sont entrés plusieurs dirigeants de Vivendi, dont le patron de Canal+ Maxime Saada, nommé vice-président. De même, l’AG a validé l’entrée au conseil d’administration de Yannick Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi et fils du milliardaire. «Une des plus belles réussites de Vincent, c’est ses enfants. J’aimerais qu’on dise ça aussi de mon père, on l’a dit un peu moins souvent», a plaisanté M. Lagardère, souvent accusé de n’avoir pas été la hauteur de son prédécesseur. Pour le premier trimestre, son groupe a affiché un chiffre d’affaires de près de 1,9 milliard d’euros, en hausse de 12,4% grâce à ses boutiques dans les gares et aéroports. Cette branche, Lagardère Travel Retail, est portée par le retour du trafic aérien mondial à ses niveaux d’avant la pandémie de covid. Le c.a. de l’activité d’édition du groupe, Lagardère Publishing, est pour sa part en légère hausse de 1,1%, à 576 millions d’euros. En France, la branche édition enregistre une baisse de ses revenus de 4,8%. C’est principalement dû au fait qu’il n’y a pas eu cette année de sortie de «best-seller» comparable à la BD «Astérix et Obélix: L’Empire du Milieu» l’an passé. Mi-avril, le numéro un français de l’édition Hachette Livre, qui appartient à Lagardère, a licencié la PDG des éditions Fayard Isabelle Saporta, en raison de «différends stratégiques». Les opposants à M. Bolloré y ont vu une conséquence de la prise de contrôle de Lagardère par Vivendi. «Nous allons dans les semaines qui viennent faire un certain nombre d’annonces sur le remplacement d’Isabelle Saporta», a commenté M. Lagardère. Autre dossier d’actualité: les négociations exclusives avec le géant français du luxe LVMH, contrôlé par le milliardaire Bernard Arnault, pour lui vendre «Paris Match». Elles avaient été annoncées en février. C’est «un peu un crève-coeur» mais «c’est une offre qui ne peut pas ne pas se regarder», a assuré M. Lagardère. Vivendi projette de se scinder en 4 entités. Dans ce scénario, Lagardère rejoindrait une société regroupant édition et distribution.