40 ans de Victoires de la musique : retour sur les moments emblématiques

Retour sur les moments emblématiques qui ont marqué en 40 ans la cérémonie des Victoires de la musique, émaillée de controverses, mais aussi d’authentiques moments de spectacle. De ses débuts qui font la part belle aux stars de la variété à sa tardive ouverture au rap français et ses courants, cette cérémonie télévisuelle s’est imposée comme un des temps forts de l’industrie.

– 1985, première édition au Moulin Rouge : Les «Victoires» sont portées par Claude Fléouter, alors journaliste au Monde, sous la houlette du ministre de la culture Jack Lang. Calquée sur les «César», la cérémonie prend place au Moulin Rouge, célèbre cabaret parisien. Elle est retransmise en direct sur Antenne 2 (future France 2). Parmi les nommés de cette première édition présidée par Charles Trenet, de grandes gloires de la variété et du spectacle français : Julien Clerc, Johnny Hallyday, les groupes Indochine et Téléphone, Coluche, Raymond Devos ou Chantal Goya…

– 1995, début de reconnaissance pour le rap français : Le rappeur MC Solaar remporte la récompense du «meilleur artiste de l’année», les Marseillais d’IAM celle du «meilleur groupe de l’année», notamment grâce à leur titre «Je danse le Mia». Ils dédient leurs lauriers «aux groupes qu’on n’entend pas à la radio et à la télé, en espérant que cette Victoire contribue à ce que la musique française ne soit pas un club privé». Ce reproche d’un manque de représentativité du courant hip-hop reviendra tout au long de l’histoire des Victoires.

– 1996, l’affaire Stephend : Un scandale qui va marquer pour longtemps l’image de la cérémonie : c’est la chanteuse Stephend, quasiment inconnue, qui remporte à la surprise générale le trophée de la «révélation féminine de l’année». Or, le producteur de la chanteuse n’est autre que Denys Limon, cofondateur des Victoires. La controverse débouche sur deux procès, et Claude Fléouter est écarté de l’organisation de la cérémonie. La polémique n’éclipse pas pour autant la prestation du duo Ray Charles et Henri Salvador, qui reste l’un des moments de musique marquants de l’histoire des Victoires.

– 2009, Alain Bashung, le triomphe au crépuscule : Il s’agit sans doute du moment le plus bouleversant de l’histoire de la cérémonie : Alain Bashung devient le musicien le plus récompensé des Victoires avec onze distinctions de 1986 à 2009, où il obtient trois trophées dont la récompense du meilleur album pour «Bleu pétrole». Malade d’un cancer du poumon et visiblement affaibli, le chanteur interprète quelques titres de son dernier disque et récolte une ovation debout des 4.700 spectateurs de la cérémonie. Cette apparition sur scène est la dernière : le chanteur s’éteint deux semaines après, le 14 mars 2009.

– 2024, la tornade Zaho de Sagazan et le sacre d’Aya Nakamura : La 39e édition récompense la fulgurante ascension de la chanteuse Zaho de Sagazan, 24 ans, qui rafle quatre distinctions parmi les plus prestigieuses, dont le meilleur album et la révélation féminine. Elle est accompagnée dans la victoire par la rappeuse et chanteuse Aya Nakamura, longtemps ignorée du jury malgré son succès international. Une distinction en forme de rééquilibrage, alors que la pression des Flammes, cérémonie dédiée au rap et ses courants, se fait sentir : l’année passée, Aya Nakamura y avait été sacrée Artiste féminine de l’année. En 2024, elle obtient la même distinction aux Victoires, sans être présente pour recevoir sa récompense.