F. BAILLY (Groupe TF1) : «Nous voulons être le premier lieu de rassemblement du public francophone»

Alors que TF1 signe une saison record sur les 15-49, Fabrice Bailly, Directeur des Programmes et des Acquisitions du groupe, détaille sa stratégie pour conjuguer audience et créativité. Superproductions événementielles, feuilletons quotidiens aux audiences digitales en hausse, formats de flux immersifs, détection de talents, montée en puissance de TF1+ : il dévoile comment la chaîne compte rester leader dans un paysage média ultra-fragmenté, tout en affirmant son rôle de créateur de culture populaire.

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Votre ambition est de positionner TF1 comme le «premier lieu de rassemblement du pays». Quels indicateurs suivez-vous pour mesurer cette promesse dans un paysage ultra-fragmenté ?

FABRICE BAILLY

TF1 a vocation à rassembler le maximum de public autour de ses programmes. Chaque jour, un Français sur deux, soit plus de 30 millions de téléspectateurs, regarde une chaîne du groupe. Et à l’heure du streaming, nous comptabilisons plus de 4 millions de visiteurs quotidiens sur TF1+, avec un reach de 36 millions de personnes sur la plateforme en juin 2025. Nous mesurons également cette promesse à l’aune des audiences : sur les moins de 50 ans, nous avons réalisé une saison record l’an dernier et enchaînons avec une deuxième saison à très haut niveau. Pour TF1, sur les 25-49 ans, nous signons notre meilleure saison depuis neuf ans, et sur les 15-34 ans, la deuxième meilleure saison historique, juste derrière 2023-2024.

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Programmes de flux et feuilletons quotidiens ont-ils contribué à séduire ces cibles jeunes ?

FABRICE BAILLY

Oui, en partie. C’est le fruit d’une offre variée, riche et ambitieuse. Les programmes de flux sont extrêmement performants auprès des jeunes : «Mask Singer», «Danse avec les stars» qui a battu des records cette saison, «Koh-Lanta», «Star Academy», «The Voice»… Tous conservent d’excellents niveaux d’audience. Côté feuilletons quotidiens, «Ici tout commence», «Demain nous appartient», «Plus belle la vie» et «Tout pour la lumière» (lancé avec un record sur les 15-24 ans) jouent un rôle clé. Les formats d’infotainment comme «Quotidien» (TMC), qui signe une saison record, sont également très puissants sur les cibles jeunes , tout comme nos séries américaines et nos films. Le streaming participe aussi à cette dynamique : un tiers de la consommation de «Star Academy» et de «Koh-Lanta» se fait en streaming, 30% pour «Cat’s eyes», 50% pour «Plus belle la vie», 40% pour «Ici tout commence», et 30% pour «Demain nous appartient» et «The Voice». Cette performance sur TF1+ reflète notre logique d’hyperdistribution, avec également la reprise future de nos contenus sur Netflix et en francophonie.

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Vous multipliez les superproductions événementielles en fiction. Comment arbitrez-vous la prise de risque créative avec l’impératif d’audience ?

FABRICE BAILLY

Nous avons été des défricheurs en matière de superproductions de fiction, et cela reste un engagement fort. Des sagas comme «Le Bazar de la Charité» ou «Les Combattantes» sont le résultat de paris éditoriaux assumés, Cette année, nous lançons 20 nouveautés en fiction : notre rentrée sera ambitieuse, offensive et conquérante avec Des séries comme «Montmartre» (Authentic Prod), «L’été 36» (Quad Drama) ou «Cat’s Eyes» (Big Band Story) saison 2. Nous privilégions aussi une grande diversité : comédies, thrillers, polars, unitaires sur des destins comme «Filip» (3ème Œil Productions/MakingProd) ou «Oradour, ne m’oublie pas» (Making Prod/M2THEP Entertainment). Nous cherchons l’excellence éditoriale, tout en conservant une part d’intuition créative.

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TF1 annonce aussi le développement de fictions sociétales…

FABRICE BAILLY

Oui, nous développons deux mini-séries avec Fanny Riedberger, productrice des «Randonneuses» et de «Lycée Toulouse-Lautrec». «Le Diplôme» (Habanita Federation) mettra en lumière des adultes qui reprennent leurs études pour passer le bac, chacun avec son parcours et ses motivations personnelles. Cela permettra d’aborder également des sujets comme la réinsertion ou l’emprise, avec un casting quatre étoiles. «Grandiose» (Habanita Federation) traitera des troubles du comportement alimentaire avec la même approche : profondeur, humour et tendresse envers les personnages. Fanny a su développer un style qui permet de traiter ces sujets sociétaux tout en restant divertissant.

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Vous lancez également de nouveaux formats de flux immersifs comme «The Box» et «Extracted». Visez-vous particulièrement les 15-34 ans ?

FABRICE BAILLY

Notre priorité est de rassembler un large public et de sanctuariser l’écoute conjointe. «The Box» (Seefood) est un jeu d’aventure et de stratégie où des candidats découvrent les règles du jeu en même temps que les téléspectateurs, avec une identité visuelle forte. «Extracted» (FOX) place des aventuriers en pleine nature, contrôlés à distance par leurs proches via des dilemmes psychologiques, avec la tension du “bouton rouge” pour les extraire. Nous relançons aussi «Stars à Domicile» (Réservoir Prod) avec Isabelle Ithurburu et lançons prochainement «Bataille Navale» (Satisfaction/Dreamspark) ou «Qui sera le plus nul ? le jeu qu’il ne faut pas gagner» (BBC Studios). Notre exigence est de proposer des contenus qui répondent aux attentes de nos téléspectateurs, qu’il s’agisse de créations originales ou d’adaptations.

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La concurrence relance avec succès d’anciens formats historiques de TF1 comme «Le Bigdil» ou «La Roue de la Fortune». Ressentez-vous parfois de la frustration de ne pas les avoir relancés vous-mêmes ?

FABRICE BAILLY

Non, car «Le Juste Prix» et «La Roue de la Fortune» sont des formats d’access, et nous avons déjà aujourd’hui une avant-soirée particulièrement solide grâce à nos feuilletons et à «Star Academy». De plus, nous disposons de formats puissants en Prime. À l’heure des 50 ans de TF1, c’est finalement un bel hommage que les chaînes concurrentes rendent à notre créativité historique.