Christophe MOUTON, Directeur de l’antenne et des programmes de LCP Assemblée nationale

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Pour sa 13ème saison, LCP a choisi de bouleverser sa grille des programmes. Pourquoi une telle remise en question ?
Christophe MOUTON
Pour cultiver notre différence, poursuivre et intensifier notre stratégie de différenciation éditoriale, nous devions repenser la grille. Nous avons fait le choix d’une offre à la fois plus lisible et plus attractive. Pour cette rentrée, trois tendances fortes. D’une part, la fidélisation des téléspectateurs autour de rendez-vous repères du lundi au vendredi avec notamment un renforcement de la place accordée aux documentaires tous les soirs de la semaine à 20h30. Deuxième tendance, la proposition d’un week-end particulièrement riche en nouveautés avec la volonté de varier la narration politique en utilisant toute la gamme des écritures audiovisuelles. Pour terminer, nous proposons une grille événementielle, ouverte non seulement au direct intégral, mais aussi à l’interactivité continue entre les citoyens et leurs représentants.
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Quels sont les grands changements ? Une restructuration totale de la grille ?
Christophe MOUTON
Nous avons renforcé la place accordée à l’écriture documentaire. L’autre point réellement nouveau est notre volonté de proposer une grille dédiée au week-end avec trois nouveautés. «Médiapol», un magazine de 60’ qui fera le tour de l’actualité vu par les différents médias. Ce magazine hebdomadaire produit en interne et présenté par Valérie Brochard, proposera chaque semaine une enquête dans les coulisses de la communication et du marketing politique. Deuxième innovation avec «Grand écran». Chaque fin de semaine, nous proposerons en effet à 20h30 une fiction ou un documentaire suivi d’un débat piloté par Emilie Aubry. Enfin, la troisième innovation du week-end est portée par Serge Moati avec une formule totalement rénovée de son émission «PolitiqueS» (Images et Compagnie).
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Audiences, durée d’écoute, identité de chaîne… quelles sont vos ambitions ?
Christophe MOUTON
2013 a permis de consolider nos résultats d’audience. 13M de téléspectateurs nous suivent désormais chaque semaine. La durée d’écoute est en constante progression puisqu’elle atteint 17’. Notre ambition est d’amplifier notre exigence de sens, d’indépendance, d’audace et d’innovations. Le critère d’utilité de nos programmes est d’autant plus fort qu’il est déconnecté de toute logique commerciale car il n’y a pas de pubs sur LCP.
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Budgets, acquisitions, coproductions…  comment se définit votre politique ?
Christophe MOUTON
LCP va presque doubler le nombre de coproductions, d’acquisitions et de préachats. Nous disposons d’un budget de 16,6 M€ en 2013 qui restera constant en 2014. 65% de ce budget sera consacré à la production et aux acquisitions.

 

    Christophe Mouton, Directeur de l’antenne et des programmes de LCP – Assemblée nationale

    LCP – Assemblée nationale, la chaîne d’information et de formation des citoyens à la vie politique a connu une saison riche avec les élections. L’occasion pour média+ de dresser le bilan et les conséquences de cette période électorale sur la chaîne montante de la TNT.

    média+ : Pouvez-vous nous dressez le bilan de ces «après-élections» ?

    Christophe Mouton : C’est un bilan extrêmement positif et favorable pour la chaîne, d’autant plus que cette période électorale se situe dans un enchainement dynamisant pour LCP. En effet, il y a eu, premièrement, ce que j’appelle notre deuxième naissance, avec l’arrivée de la TNT. Nous sommes passés d’une chaîne perçue comme technicienne, à une chaîne grand public. Après cela, on a couvert deux événements constitutifs extrêmement forts qu’ont été la commission d’enquête sur l’affaire d’Outreau et les débats des primaires du Parti socialiste. Et puis, bien sûr, on a eu la chance, juste après, d’avoir une période politique exceptionnelle, notre «Coupe du Monde» à nous, avec les présidentielles et les législatives. LCP a su tirer partie de cette période propice pour cultiver sa différence et montrer qu’elle ne se positionnait non pas comme un canal institutionnel, ni comme une chaîne d’info ou un robinet à images mais bien comme la chaîne citoyenne qui, jusque là, manquait au PAF.

    média+ : En termes d’audience cela représente quoi ?

    Christophe Mouton : Nous avons énormément progressé en audience mais nous sommes peu obnubilés par les chiffres car il n’y a pas de publicité sur LCP. On ne souscrit d’ailleurs pas à Médiamétrie. Nous sommes plus dans une logique de qualimat que d’audimat.

    média+ : Ne craignez-vous pas un moment de creux avec la fin des élections et l’arrivée de la période estivale ?

    Christophe Mouton : Non, je ne crois pas. Je pense qu’il y a un formidable terreau qui a été constitué par cette période politique, à nous, là-dessus, de continuer à faire pousser notre chaîne. Les Français sont loin d’être fâchés avec la politique, ils ont seulement envie de voir la politique à la télévision racontée différemment. LCP va donc continuer à affirmer sa différence en conservant toutes ses variétés d’écritures, que ce soit des programmes courts, des magazines, de la fiction ou du documentaire. Notre ambition est de faire de la politique ce que «Capital» [ndlr : magazine sur M6] a pu faire avec l’économie.

    média+ : Les documentaires sont assez présents dans votre grille des programmes et beaucoup sont coproduits par LCP, quelle est la part du budget que vous y consacrez chaque année ?
    Christophe Mouton : Je ne préfère pas vous donner le budget documentaires de cette année car il n’est pas représentatif et a complètement été dépassé compte tenu de la dynamique des présidentielles. Mais, il est vrai qu’on a remis à plat la politique documentaire de LCP pour qu’elle ne soit pas une machine à rediffuser des documentaires. Nous avons donc fait un véritable effort en terme de coproduction.

    média+ : Vous réalisez plusieurs partenariats avec les grands organes de presse, quels sont les accords et les critères de sélection de vos partenaires ?

    Christophe Mouton : On essaie de ne pas faire de «sleeping» partenariat. Nous choisissons des partenaires qui résonnent avec nous d’un point de vue éditorial, soit dans la conception d’émissions, soit dans la participation. «Le Monde» est un partenaire naturel avec qui on travaille assez régulièrement. Nous avons, aussi, un magazine qui s’appelle «Entre les lignes» et qui croise les lectures de l’actualité politique des quatre hebdomadaires d’information, que sont «Marianne», «Le Point», «L’Express» et le «Nouvel Observateur», et, à ma connaissance, nous sommes les seuls à faire ce genre d’émissions et nous allons continuer dans ce sens. Nous avons, en effet, une politique assez naturelle de partenariats et le petit succès de la chaîne fait qu’elle est de plus en plus sollicitée mais nous ne voulons pas de partenaires sans résonance de contenus.

    média+ : Envisagez-vous de développer davantage votre site Internet, notamment la vidéo en ligne ?

    Christophe Mouton : Il est vrai que le mode de consommation de la chaîne demande beaucoup d’exigences de la part de celui qui la regarde, les téléspectateurs vont donc assez volontiers vouloir voir ou revoir les contenus et réagir sur Internet. On va poursuivre nos efforts pour avoir un site le plus possible en cohérence avec l’antenne. La richesse des contenus de la chaîne doit remonter et se retrouver sur le site. Et puis, nous réfléchissons beaucoup sur l’interactivité de nos émissions pour que le mouvement qui se fait de l’antenne vers le web se fasse, aussi, du web vers l’antenne. Nous sommes, clairement, aujourd’hui dans une logique de persister et de signer en termes d’innovation, de création et de décryptage.