Seule une petite centaine d’auditeurs ont réussi à entrer dans le studio de RTL. Devant l’immeuble de la station mercredi, une foule de fans se console devant 2 écrans pour l’ultime enregistrement de Philippe Bouvard, après 37 ans aux commandes des «Grosses Têtes».
A 84 ans, le journaliste et amuseur public cède sa place à Laurent Ruquier, laissant ses fans orphelins après avoir imprimé sa marque pendant presque 40 ans au micro de RTL. «C’est un cocktail savamment dosé d’esprit, de répartie, de culture, avec un esprit chansonnier». Pour sa «der des Grosses Têtes», qui sera diffusée vendredi, l’animateur ne laisse d’abord pas transparaître son émotion. Se rappelant avec sa bande de compères les moments forts de l’émission autour de rediffusions, de souvenirs des 1ères fois, Philippe Bouvard «passe les plats» en grand professionnel, entre plaisanteries graveleuses, histoires de slips et étude sur les blondes. Tel un roi adulé, il trône dans son siège au centre de ses douze «sociétaires», comme on les appelle à RTL. Autour de lui pour «sa dernière», Jacques Pradel, Mylène Demongeot, Philippe Chevallier, Jacques Balutin, Jacques Mailhot, Bernard Mabille, Philippe Candeloro, Jean-Jacques Peroni, Vincent Perrault, Chantal Ladesou, Princess Erika et Laurent Baffie enchaînent les blagues potaches dans un ping-pong verbal, devant un public enclin aux éclats de rire. Soudain, l’animateur fait une annonce: «pour la 1ère fois, je vais sortir, car il y a des gens qui n’ont pas pu rentrer». Et le patriarche de descendre prendre un bain de foule dans la rue. Les acclamations fusent: «Bouvard président !». «Je n’avais jamais eu l’occasion de vous le dire, mais chaque jour, je pensais à vous, ça me dopait», répond-il, des sanglots dans la voix. Et de donner rendez-vous à ses auditeurs le 30 août avec sa nouvelle émission dominicale «Allô Bouvard».
Lorsque le nom de son successeur, Laurent Ruquier, est lâché par un chroniqueur au micro, la foule sur le trottoir hue. A son retour dans le studio, Bouvard fait officiellement ses adieux: «sept à huit heures par jour dédiées aux «Grosses Têtes»… c’est dire si vous allez me manquer ! Je vous embrasse tous». En loge, les yeux humides, les sociétaires tournent la page. Pour Vincent Perrault, «touché par ce moment d’amour sur le trottoir», «c’est un pan de la vie de millions d’auditeurs qui s’arrête. Depuis 37 ans, Philippe est dans leur vie, tous les jours». «Les auditeurs sont orphelins aujourd’hui», renchérit Chantal Ladesou. L’humoriste Philippe Chevallier se fait philosophe: «on parle des gens irremplaçables…. On peut toujours remplacer quelqu’un, mais pas prendre sa place». Vincent, venu spécialement de Nancy pour cette dernière et qui n’a pas pu entrer dans le studio, ignore s’il écoutera l’émission à la rentrée: «Pour moi, les Grosses Têtes, c’est Bouvard». Brigitte, elle, «n’accepte pas que Ruquier reprenne l’émission». «Une fois que chacun aura fait son deuil personnel, tout ira très bien», espère Vincent Perrault.