Conçu par Jérôme Chouraqui et des experts du secteur, Plot Point est une plateforme visant à révolutionner la manière dont les talents créatifs et les sociétés de production collaborent. Dans un contexte de forte mutation du marché, marqué par la précarisation des métiers de la création et la montée du freelancing, cette nouvelle plateforme entend simplifier et professionnaliser les connexions entre directeurs littéraires, producteurs artistiques, chargés de développement et studios audiovisuels. Rencontre avec son fondateur, qui dévoile les ambitions et le fonctionnement de ce nouvel outil.
Plot Point s’adresse à un écosystème très spécifique : celui de l’audiovisuel et du cinéma. Quelle faille ou quelle frustration du marché avez-vous voulu corriger avec cette plateforme ?
Plot Point répond avant tout à une mutation du marché de l’emploi dans le secteur. Aujourd’hui, lorsqu’on se rend à un événement comme le Festival de la Fiction TV de La Rochelle, on réalise à quel point les producteurs de fiction font face à de véritables défis. Les commandes sont plus rares, les budgets par minute ont baissé, et la concurrence entre sociétés est beaucoup plus forte. Autrefois, les sociétés de production pouvaient se permettre d’embaucher en CDI des directeurs littéraires, producteurs artistiques ou chargés de développement, qui faisaient partie intégrante de leur pôle créatif. Mais ces postes se raréfient. Beaucoup de professionnels de ces métiers ont donc choisi de se mettre à leur compte pour continuer à exercer leur passion. En parallèle, les producteurs doivent continuer à présenter des projets aux diffuseurs – France Télévisions, Canal+, Arte, M6, Disney, etc. – mais ils ne peuvent plus maintenir de grosses équipes internes. Résultat : deux mondes peinent à se rencontrer. Les freelances, souvent très compétents, ne savent pas comment se rendre visibles, et les producteurs ne savent pas toujours où trouver les bons profils. Plot Point est né pour répondre à ce besoin : créer un véritable marché organisé entre les talents et les producteurs.
Comment parvenez-vous à instaurer la confiance et la transparence entre freelances et sociétés de production ?
Nous avons mis en place plusieurs niveaux de transparence. D’abord, les deux parties disposent d’un accès complet aux informations essentielles sur les projets et sur les profils. Lorsqu’un producteur publie un brief, il ne cherche pas d’abord “un poste à pourvoir” mais décrit son projet : genre, univers, ton, enjeux narratifs. Ce sont ensuite les profils correspondant qui lui sont proposés. Ensuite, nous avons mis en place une grille indicative de tarifs selon le niveau d’expérience (junior, intermédiaire, senior), afin d’éviter les abus et d’assurer une rémunération cohérente. Ce n’est pas une contrainte, mais un repère qui aide à instaurer la confiance et à limiter les dérives de sous-rémunération.
Vous dites replacer le projet au cœur des collaborations. Comment cela se traduit-il concrètement dans la structure même de Plot Point ?
C’est un point essentiel. Sur Plot Point, un producteur ne publie pas une offre d’emploi générique, mais un projet identifié. Le premier contact entre les deux parties se fait autour de ce projet – avant même que le nom de la société ne soit visible. Cela permet de remettre le contenu et la créativité au centre, pas le statut ou la notoriété. Par ailleurs, cela change aussi la posture des freelances. Lorsqu’ils étaient salariés, ils n’avaient pas le choix des projets sur lesquels ils travaillaient. En freelance, ils peuvent désormais sélectionner les projets qui les inspirent le plus, et c’est cette liberté qui redonne de la valeur à la collaboration.
Vous évoquez une solution qui pourrait fluidifier le recrutement et éviter les ruptures dans le développement des œuvres…
Exactement. Lorsqu’un producteur décroche un projet – un «Meurtres à…» par exemple – il a besoin de compétences précises en narration policière. Plot Point permet de trouver rapidement la bonne personne, avec la bonne expertise, sans passer par des semaines de recherche ou de bouche-à-oreille. Nous aidons donc les producteurs à répondre vite et bien à un besoin ponctuel, tout en permettant aux freelances de se positionner sur des missions qui correspondent à leur savoir-faire réel.
Comment garantissez-vous la qualité et la fiabilité des profils référencés sur Plot Point ?
Plot Point est développé avec Talent Sphère, un cabinet de recrutement et de chasseurs de têtes spécialisé dans les métiers créatifs. Les profils peuvent s’inscrire librement, mais nous procédons à une vérification systématique de leurs informations (expérience, crédits, projets réalisés). Nous validons la véracité avant tout. La réputation peut entrer en compte, mais uniquement si des signaux d’alerte très clairs apparaissent. Nous intégrons aussi des profils juniors. C’est important, car ces jeunes talents n’ont souvent ni réseau ni visibilité, alors qu’ils possèdent déjà des compétences réelles. Plot Point leur permet d’avoir enfin un accès direct au marché.
La plateforme promet un gain de temps et d’efficacité pour les entreprises. Comment cela se traduit-il ?
Prenons un exemple : un producteur achète les droits d’un livre et veut le développer en série. Il doit agir vite pour convaincre un diffuseur ou un investisseur. S’il perd trois mois à trouver un directeur littéraire ou un chargé de développement adapté, le projet peut s’essouffler ou la durée d’exclusivité sur l’IP peut s’achever dans le temps imparti passé à trouver la personne compétente pour la développer. Avec Plot Point, il peut trouver le bon profil en quelques heures, et surtout éviter les erreurs de casting. La plateforme devient un véritable outil de réactivité et de fiabilité, ce qui est essentiel dans un contexte de production très resserré.



































