Les acheteurs des chaînes étrangères sont particulièrement friands de dessins animés français, qui se taillent la part du lion dans les exportations de programmes télévisés made in France, et la vente des fictions connaît un renouveau depuis deux ans. Au MipCom, plus gros marché international de contenus audiovisuels qui se tient à Cannes jusqu’à jeudi, huit des trente programmes jeunesse (principalement du dessin animé) les plus regardés par les acheteurs sont français. «La famille féérique» (studio Xilam) arrive en tête, suivi du «Club des cinq» (Marathon). L’animation représente environ 40% des exportations de programmes français, souligne Mathieu Béjot, délégué général de TV France International, l’organisation professionnelle d’aide à l’exportation des émissions françaises. La France est le troisième pays exportateur de dessins animés après les Etats-Unis et le Japon. En 2006, vingt dessins animés français étaient diffusés sur des chaînes américaines. «La France est devenue une source d’approvisionnement incontournable», déclare M. Béjot. Pourtant, dans les années 80, même les chaînes françaises achetaient majoritairement (70%) à l’étranger, souligne-t-il. Aujourd’hui, le ratio a été inversé en «raison d’une vraie volonté politique». Les chaînes ont des obligations d’investissement dans la création, et les écoles françaises (Les Gobelins à Paris, La Poudrière à Valence…) forment des professionnels appréciés pour leurs techniques et capacités à créer des univers graphiques originaux, explique-t-il. La fiction représente quelque 20% des ventes de programmes français à l’étranger. «Elle a longtemps eu la réputation d’être lente et bavarde mais l’évolution des formats (avec le 52′: ndlr) et le renouvellement de l’écriture ont donné un coup de fouet à l’export», qui avait marqué le pas entre 2001 et 2004, note le responsable de TV France International. «Clara Sheller» (France 2) et «Engrenages» (Canal+) par exemple «ont modifié la perception des acheteurs étrangers sur la fiction française», ajoute-t-il. La BBC a acheté pour la première fois une série française, «Engrenages». Trente pays, dont l’Indonésie et le Brésil, ont acquis «Caméra Café» (M6), qu’ils diffusent tel quel ou en adaptant le format. La perception des étrangers évolue mais les valeurs sûres continuent d’avoir du succès. Le policier («Julie Lescaut», «Navarro», TF1) et les sagas d’été restent «très demandés», selon Mathieu Béjot. Et «Plus belle la vie» commence à bien se vendre. Les fictions patrimoniales «ne passeront jamais sur les networks américains», mais elles marchent bien en Europe car elles bénéficient d’une grande qualité de production, ajoute-t-il. Elles doivent répondre à l’un de ces deux critères: adaptation d’un auteur connu (la série des Maupassant de France 2, par exemple) ou casting prestigieux (Monte Cristo avec Gérard Depardieu).