Quelques minutes à la télé vont coûter des millions à l’ex-chef de Deutsche Bank

L’ex-patron de Deutsche Bank, Rolf Breuer, va payer à son ancien employeur 3,2 millions d’euros de dédommagement pour une interview télévisée supposée avoir précipité la faillite retentissante du groupe Kirch, une affaire qui a coûté des centaines de millions à l’établissement. Deutsche Bank, première banque allemande et une des plus grosses d’Europe, indique dans la convocation à sa prochaine assemblée générale d’actionnaires, diffusée jeudi, que M. Breuer «s’engage à un paiement à la société à hauteur de 3,2 millions d’euros». Il s’agit de sa «contribution personnelle» aux 925 millions d’euros que Deutsche Bank a consenti à verser en 2014 aux ayant-droit du magnat des médias Leo Kirch, au terme d’une bataille juridique acharnée. Objet du litige, une mini-interview accordée par M. Breuer en 2002 à la chaîne de télévision Bloomberg, dans laquelle il émet des doutes sur la solvabilité de l’empire Kirch. Les propos ont l’effet d’une bombe: la panique s’empare des investisseurs et KirchMedia dépose le bilan deux mois plus tard. M. Kirch s’en prend alors à la banque, qu’il accuse d’avoir violé le secret professionnel pour précipiter sa chute et s’engraisser sur sa carcasse. Deutsche Bank a beaucoup gagné en accompagnant le dépeçage du groupe.  M. Breuer s’est toujours défendu en affirmant n’avoir fait que rapporter ce qu’il avait lu dans les médias. Si Deutsche Bank s’est mis d’accord avec son ex-chef, le feuilleton n’est pas clos pour autant puisque cinq dirigeants et ex-dirigeants, dont M. Breuer, comparaissent depuis avril 2015 pour faux témoignage lors d’un des procès dans cette affaire. Deutsche Bank est impliquée dans quelque 6.000 litiges juridiques, l’affaire Kirch étant un des plus retentissants. Son nouveau patron, le Britannique John Cryan, veut lui faire faire peau neuve et en résoudre le plus possible.