Facebook veut revenir à ses origines

World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland - 20 Jan 2017
Mandatory Credit: Photo by GIAN EHRENZELLER/EPA/REX/Shutterstock (7916860az) The facebook logo inside the facebook Chalet on the sideline of the 47th annual meeting of the World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland, 20 January 2017. The meeting brings together enterpreneurs, scientists, chief executive and political leaders in Davos January 17 to 20. World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland - 20 Jan 2017

Le coup de barre de Facebook vers un fil d’actualité recentré sur les proches risque de faire
des victimes parmi les médias les plus dépendants aux réseaux sociaux et les acteurs de la
publicité s’interrogent sur les intentions de la plate-forme. Facebook, devenue une plate-
forme pour découvrir toutes sortes de contenus, de marques ou médias, et qui avait perdu la faveur des plus jeunes, a annoncé revenir à ses origines: un réseau social ayant pour priorité les publications partagées par la famille ou les amis. D’un changement d’algorithme, le géant californien peut ainsi ébranler le modèle économique de pléthore de médias qui reposent entièrement sur l’audience de Facebook et se rémunèrent avec la publicité numérique. «Les nouveaux médias greffés aux plates-formes ont déjà souffert des attaques de Facebook pour tuer les pièges à clic, ils vont encore plus souffrir «, explique Nicolas Reffait, associé du cabinet de conseil Bearing Point. «Pour des médias comme Buzzfeed, Konbini, Brut, Elephant, c’est une remise en question», renchérit Jérémy Robiolle, directeur d’étude chez Xerfi. «Pour les médias traditionnels qui font héberger une partie de leurs contenus sur Facebook pour gagner en visibilité, cela risque aussi d’assécher une partie de la manne publicitaire», ajoute-t- il. Ces derniers médias, très critiques par ailleurs vis-à- vis de l’outil proposé par Facebook, «Instant Articles», qui permet aux éditeurs d’héberger leurs articles directement sur la plate-forme mais leur rapporte très peu de revenus, pourraient ainsi être incités à prendre leurs distances. Concrètement, les contenus ne devraient plus apparaître automatiquement sur le fil de l’internaute qui a «aimé» la page du média ou de la marque, mais seulement s’ils sont partagés activement par ses proches.Johan Hufnagel, ancien responsable de Libération devenu directeur de la rédaction de Loopsider, un nouveau média 100% réseaux sociaux qui s’est lancé mercredi garde cependant son sang-froid: «On savait que ça allait venir, donc on l’a anticipé (…) Il va falloir se battre pour avoir de l’engagement réel, donc que les utilisateurs partagent et commentent», explique-t- il. Le directeur de Brut, Guillaume Lacroix, reste lui aussi confiant. «90% de notre reach (portée NDLR) provient du partage d’ami. Un algorithme qui privilégie les contenus qui ont un fort taux d’interaction nous est donc très favorable (…) Ca va désengorger le fil», estime-t- il.