A. CHABAL et J. DROUAIS (AlloCiné) : «Notre principal enjeu est d’assurer la cohérence de la marque sur l’ensemble de ces canaux»

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Depuis trente ans, AlloCiné connecte quotidiennement les Français à l’univers du cinéma et des séries. À destination de tous les cinéphiles, la marque est la source la plus riche et la plus fiable d’informations sur l’industrie ciné en France et un passage obligé vers les salles. Pour approfondir la stratégie d’expansion de la marque, nous avons rencontré Adrien CHABAL et Julien DROUAIS, récemment nommés directeurs généraux d’AlloCiné au sein du groupe Webedia.

Quelle est votre vision stratégique pour l’évolution d’AlloCiné ?

Adrien CHABAL : Depuis sa création en 1993, AlloCiné a toujours eu pour vocation de guider les spectateurs vers les programmes qui leur correspondent. Dans un environnement en constante évolution, cette mission reste notre priorité. À l’origine, cela passait par l’audiotel, qui permettait d’obtenir les horaires de cinéma via une voix automatique. Depuis, le paysage a radicalement changé au cours des trente dernières années. Nous avons vu l’arrivée d’internet, des applications, puis des réseaux sociaux il y a une dizaine d’années. À un moment, nous avons même lancé une chaîne de télévision. Aujourd’hui, nous sommes présents sur les plateformes FAST TV et disposons d’un écosystème de newsletters.

Julien DROUAIS : Notre objectif est de rester présents sur tous les points de contact possibles avec les audiences pour répondre à cette question centrale : «Que regarde-t-on ce soir ?». Pour y répondre, nous avons plusieurs solutions. En tant que média serviciel, nous proposons des liens vers les séances, des boutons d’accès aux plateformes de streaming ou aux chaînes de télévision. Mais nous avons également une fonction de guide : aider les spectateurs à trouver le contenu qui leur convient, selon leurs critères de choix. C’est ici que la dimension éditoriale joue un rôle crucial. Les notes des spectateurs, de la presse et des critiques sont des indicateurs fondamentaux pour orienter les choix. Ces éléments constituent des leviers que nous continuons à déployer, partout et en permanence, pour accompagner nos utilisateurs dans leur quête du programme idéal.

Comment AlloCiné compte renforcer sa position de leader sur le marché français du cinéma et des séries ?

Julien DROUAIS : C’est un véritable défi dans un monde digital qui évolue rapidement. Notre site est un leader incontesté, et nous avons conquis les autres canaux de manière progressive, plateforme par plateforme. Nous continuons à nous battre pour rester visibles et pertinents. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon Nielsen/Médiamétrie, nous avons atteint un record absolu avec 16,7 millions de visiteurs uniques par mois en octobre dernier. Nous fédérons un public toujours plus large, que ce soit sur le web ou via nos applications.

Adrien CHABAL : Nous avons également développé un écosystème de newsletters très performant, avec 1 million de destinataires. Ces newsletters, envoyées trois fois par semaine, couvrent des thématiques variées : les sorties en salle, les programmes à regarder chez soi et les contenus à ne pas manquer. Sur les réseaux sociaux, notre présence est tout aussi impressionnante avec 16,5 millions de followers cumulés. En plus de ces initiatives, nous avons lancé un channel WhatsApp suivi par 150 000 personnes, dont une majorité de moins de 18 ans. Ce canal est pour nous un véritable laboratoire où nous expérimentons différents formats, comme des sondages ou des audios, tout au long de la journée. Cela reflète notre volonté de nous tourner vers les audiences de demain.

Quelles initiatives envisagez-vous pour enrichir l’expérience utilisateur ?

Julien DROUAIS :  Nous cherchons à être présents partout, tout le temps, sans nous limiter à une plateforme spécifique. Notre principal enjeu est d’assurer la cohérence de la marque AlloCiné sur l’ensemble de ces canaux. Nous avons une marque globale et ses déclinaisons : Les Indés, Kids, ainsi qu’un espace dédié à la télévision. Chaque segment s’inscrit dans une stratégie multi-niches, où notre priorité est de communiquer de manière cohérente et ciblée.

Adrien CHABAL :  Sur les plateformes sociales, nous mettons en avant notre dimension servicielle, en créant des passerelles vers le concept «what to watch» tout en proposant des actions concrètes pour faciliter le choix des utilisateurs. Par ailleurs, nous avons un grand chantier à relancer : l’espace connecté «Mon AlloCiné». Cet outil possède un immense potentiel encore inexploité. Nous souhaitons renforcer notre interaction avec nos utilisateurs en leur offrant des fonctionnalités plus engageantes et en prenant davantage la parole pour les accompagner dans leur expérience.

Quelle stratégie pour renforcer les partenariats avec les producteurs, distributeurs et exploitants ?

Adrien CHABAL :  AlloCiné s’est construit historiquement en collaboration avec l’ensemble de la profession cinématographique. D’une part, nous travaillons avec les distributeurs, nos clients historiques, qui nous fournissent du contenu essentiel comme les bandes-annonces et les informations sur les films. D’autre part, ils sont également des partenaires publicitaires réguliers, contribuant au modèle économique d’AlloCiné. Grâce à nos bassins d’audience significatifs, nous offrons à l’industrie du cinéma des opportunités de toucher ces publics dans des environnements extérieurs à AlloCiné. Par exemple, nous développons des moyens de déporter l’expérience de la réservation de séances (avec des boutons de réservation) au-delà de notre plateforme, afin que notre média puisse exister et être utile ailleurs. AlloCiné est bien plus qu’un simple site : c’est une référence pour les professionnels du cinéma, presque comme un LinkedIn dédié à cette industrie. Nous construisons des passerelles entre les spectateurs et les professionnels, en renforçant la connexion entre ces deux mondes. AlloCiné est également un véritable baromètre des tendances, du box-office et du bouche-à-oreille. Grâce aux signaux que nous enregistrons, nous sommes capables, en les analysant correctement, d’anticiper des dynamiques et de proposer des pronostics intéressants sur l’avenir de l’industrie cinématographique en salle.

AlloCiné prévoit-il de produire davantage de contenus originaux ?

Julien DROUAIS :  Il est essentiel de se réinventer en permanence et sur tous les fronts. Cela inclut aussi une démarche d’internationalisation de nos productions autour du cinéma et des séries. Avec les Originals, nous explorons des formats plus longs, comme l’émission «Grand Écran», tournée au Grand Rex, qui propose des interviews approfondies. Au sein du groupe Webedia, auquel nous appartenons, nous collaborons étroitement avec des sociétés de production internes. Ces synergies nous permettent de concevoir, à quatre mains, des contenus digitaux liés au cinéma et aux séries, enrichissant ainsi notre offre éditoriale.