A. GEORGET (Scam) : «Instaurer une case dédiée au documentaire «débridé» sur France Télévisions serait une bonne chose»

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Les 5 et 6 novembre au Forum des Images à Paris, le Scam organise «Le Festival des Etoiles», une opération consistant à découvrir sur grand écran, 30 films documentaires. L’occasion de nous entretenir avec Anne GEORGET, Présidente de la Scam qui revient sur les actualités de la société.

média+ : L’augmentation de la contribution à l’audiovisuel public a été ramenée de 2 à 1 €. Quelle est votre réaction ? 

Anne GEORGET : Le projet de loi de finances prévoyait en effet une augmentation de 2 € : un euro au titre de l’inflation, et un autre à titre complémentaire pour accompagner la création. ARTE et France Télévisions s’étaient alors positionnés en annonçant des chiffres bien précis sur l’effort que les groupes comptaient faire sur ce plan. Mais cette augmentation a été supprimée du projet de loi par la commission des finances et a été ramené à 1 €. Nous nous sommes élevés contre ce choix. Cela fait des années que l’on prêche pour une contribution à l’audiovisuel public qui soit plus proche de celle de nos voisins européens : l’Allemagne et le Royaume-Uni. Ils ont des redevances bien plus élevées que la nôtre. Le montant de la contribution à l’audiovisuel public en France (137 € en 2016) reste un des plus faibles en Europe. Si son montant était porté à 139 € cela représenterait 38 centimes par jour. Ce n’est pas ça qui va fragiliser le budget des ménages.

média+ : La taxation des plateformes de vidéos en ligne peut-elle compenser ce manque à gagner ? 

Anne GEORGET : On nous annonce que l’extension de la taxe sur les revenus des plateformes de vidéos en ligne va compenser l’abandon de cet euro complémentaire. Mais ce n’est pas totalement satisfaisant dans le sens où il s’agit d’une somme qui sera fluctuante. Une fois encore, ce sont des aléas conjoncturels qui compliquent la situation des groupes audiovisuels à qui l’on demande beaucoup sur la création, le numérique et le rayonnement international, et qui ne savent jamais vraiment sur quel budget ils vont pouvoir tabler.

média+ : La place du documentaire sur France Télévisions vous convient-elle allégrement ?

Anne GEORGET : La place dévolue au documentaire sur le service public est importante. C’est indéniable. Cela fait plusieurs mois que j’appelle de mes vœux l’instauration d’une case dédiée au documentaire «débridé» qui sort des clous de la narration plus classique, sur l’une des chaînes du groupe France Télévisions. Cette case permettrait de faire rayonner des œuvres à l’international, d’avoir des prix et de concourir dans de grands festivals. C’est le cas par exemple du film «Belle de nuit – Grisélidis Réal, autoportraits» de Marie Eve de Grave qui sera projetée lors du «Festival des Etoiles» en soirée de clôture, au Forum des Images à Paris. Cette œuvre a été diffusée sur la RTBF, en festivals mais jamais en France.

média+ : Quelle est la nature de vos discussions avec Delphine Ernotte ?

Anne GEORGET : Les discussions sont chaleureuses et cordiales. La présidente de France Télévisions est à l’écoute. Ses déclarations portant sur la modernité du genre documentaire, créateur de lien social, ne pouvaient que nous satisfaire. J’espère que les dialogues vont déboucher sur des actions concrètes. Nous avons aussi entrepris une discussion pour réfléchir à l’idée d’une charte sur les bonnes pratiques professionnelles afin de rééquilibrer le triangle vertueux : diffuseur, producteur et auteur.

média+ : Quel est l’avancée du projet de la Cinémathèque du documentaire ?

Anne GEORGET : Cet été, la Ministre de la Culture et de la Communication a officialisé la création de cette institution dont on ne connaît pas encore le nom. Cette entité prendra la forme d’un réseau qui mettra en lien toutes les initiatives, déjà nombreuses, qui ont lieu un peu partout en France pour la conservation et la diffusion du documentaire. Cette Cinémathèque du documentaire sera basée à la Bibliothèque Publique d’Information du Centre Pompidou. Un comité de pilotage cherche aujourd’hui la bonne architecture juridique.