Afrique du Sud: Soweto se lance dans la télévision locale

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    A deux pas de l’ancienne maison du héros de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela, des maquilleuses posent une dernière touche de poudre sur les pommettes des présentateurs de Soweto TV, première chaîne de télévision locale sud-africaine. «Bienvenue à Dlala Ngeringas», lance Zuko Xabanisa en prenant l’antenne pour ce «Drôle de débat» dans une salle de classe devenue studio, au coeur de l’ancien ghetto noir de Johannesburg, célèbre pour ses émeutes contre le régime raciste blanc tombé en 1994. A l’entrée, les Sowetans font la queue, décidés à s’exprimer face aux caméras et à échanger leurs idées avec les invités présents en plateau sur le thème du jour: les couples non mariés doivent-ils vivre ensemble? Des téléspectateurs ajoutent leur mot par SMS, tout au long de ce débat d’une heure. Au programme de la soirée, le journal «Soweto Today», une émission sur les modes de vie, une autre sur les arts dans ce township réputé pour son avant-gardisme en musique, danse et théâtre. Des documentaires sur des sujets tels que le sida ou la religion ajoutent de la substance à cette chaîne, qui séduit déjà des centaines de milliers de téléspectateurs chaque soir. «Tout ce dont nous parlons ici concerne Soweto et des sujets qui touchent les habitants du township», explique son directeur, Tshepo Thafeng. Les studios sont installés dans une école désaffectée de la rue Vilakazi, la seule au monde où ont vécu deux prix Nobel de la Paix: l’ancien président Nelson Mandela et Mgr Desmond Tutu. Soweto TV émet dans les 11 langues officielles de la Nation Arc-en-Ciel, avec cinq heures de direct chaque soir. Elle vise une audience potentielle de deux millions de téléspectateurs dans le township et les quartiers voisins. Elle a débuté avec des licences temporaires d’un mois en 2005 et 2006. Depuis juin, elle diffuse au quotidien sur une fréquence locale. Mais à partir de lundi, elle sera visible dans tout le pays par satellite. Financée par une combinaison de publicité et de dons privés, elle emploie 40 bénévoles, la plupart sans aucune expérience de la télévision. «Il s’agit de former des jeunes à Soweto et de leur offrir leur chance», explique son président, Force Khashane. Selon M. Thafeng, les grandes chaînes ne sont pas parvenues à satisfaire les Sowetans, dont la confiance en eux-mêmes s’accroît, de même que le niveau de vie, comme en témoigne l’ouverture récente du plus grand centre commercial du pays.