Arrêt de C8: l’Arcom a multiplié les mises en garde

Avant l’arrêt définitif de C8 le 28 février, l’Arcom a multiplié ces dernières années les mises en garde, mises en demeure et amendes contre la chaîne, dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré. En validant mercredi la décision de l’Arcom, le Conseil d’Etat a estimé «que le régulateur (des médias) était juridiquement fondé à prendre en compte les manquements réitérés commis par la chaîne (…), notamment en matière de respect des droits de la personne, de protection des mineurs et de maîtrise de l’antenne». Voici certaines des principales sanctions provoquées par la vedette de C8, l’animateur-producteur Cyril Hanouna:

– Deux amendes record : Avec un total de quelque 7,6 millions d’euros d’amende, C8 est la chaîne la plus sanctionnée de l’audiovisuel français. La plus grosse partie vient d’une amende record de 3,5 millions d’euros, en février 2023, pour des insultes lancées par Cyril Hanouna au député LFI Louis Boyard dans l’émission «Touche pas à mon poste» (TPMP) en novembre 2022. Le jugement sur cette affaire est attendue jeudi. En mai 2017, C8 s’était déjà vu infliger une 1ère amende record à cause d’une émission de Cyril Hanouna: elle se montait à 3 millions d’euros et sanctionnait un canular téléphonique jugé homophobe.

– «Drogue du zombie» : La dernière lourde amende en date, de 50.000 euros, remonte à la mi-juin 2024. En cause: une émission de septembre 2023 où des personnes handicapées étaient présentées à tort comme des toxicomanes accros à la «drogue du zombie». «Deux vidéos ont fait récemment le buzz (…) où l’on voit plusieurs personnes dans les rues de Rouen (…) se comporter comme des zombies. Elles auraient, selon les auteurs de la vidéo, consommé du xylazine, une drogue qui donne des allures de zombie», a déclaré Cyril Hanouna avant de diffuser des images. Mais dans sa sanction, l’Arcom a relevé que ces personnes étaient en fait «en situation de handicap».

– «Adrénochrome» : En juillet 2023, l’Arcom avait infligé à C8 une sanction de 500.000 euros à cause d’une séquence durant laquelle un invité avait évoqué la consommation d’une prétendue drogue à base de sang d’enfant par des personnalités. Le 9 mars 2023, l’animateur star accueillait dans TPMP Gérard Fauré, présenté comme l’«ex-dealer du tout-Paris», pour l’interroger sur la consommation de drogue de l’humoriste Pierre Palmade, à l’origine d’un grave accident de la route. L’invité avait alors «accusé nommément plusieurs personnalités publiques de consommation de produits stupéfiants, et même de trafic de ces substances pour l’une d’entre elles, ainsi que de pédophilie et de consommation «d’adrénochrome», une substance présentée à l’antenne comme étant issue de sang d’enfants kidnappés et sacrifiés», rappelle l’Arcom dans sa décision en juillet 2023. «L’adrénochrome» est au coeur d’une théorie conspirationniste qui a été démontée à plusieurs reprises ces dernières années. Malgré cela, «les déclarations de l’invité n’ont pas été fermement et immédiatement contredites», relevait l’Arcom.

– Violences faites aux femmes : Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA, ancien nom de l’Arcom) avait privé TPMP de publicité pour 2 semaines en 2017, après une séquence diffusée en 2016 dans laquelle Cyril Hanouna posait sur son sexe la main de sa chroniqueuse Capucine Anav, qui avait les yeux fermés. «Le CSA a considéré que cette scène méconnaissait les dispositions de la loi du 30 septembre 1986 qui lui donnent la responsabilité de lutter contre les stéréotypes, les préjugés sexistes, les images dégradantes et les violences faites aux femmes», justifiait le régulateur. En 2016, la chaîne avait également été mise en demeure pour une séquence où un chroniqueur de TPMP, Jean-Michel Maire, encouragé par Cyril Hanouna, embrassait le sein d’une actrice, Soraya Riffy, contre son gré.