Arte/«Les Molex, des gens debout»: récit d’une bataille perdue contre une délocalisation

    Récit en images et quasiment sans commentaire, «Les Molex, des gens debout» décrit le combat acharné et finalement perdu de 283 salariés voulant sauver leur usine, face à un groupe américain devenu le fossoyeur d’un savoir-faire rentable, et peu soucieux du droit du travail.
    Le documentaire, qui sera diffusé sur Arte le 28 janvier, débute sur le 31 décembre 2008: des ouvriers campent devant l’usine pour éviter que le matériel de production ne soit déménagé en douce. Un homme coiffé d’un bonnet de Père Noël raconte que la fermeture annoncée deux mois plus tôt «n’a pas de raison économique mais boursière, puisque l’usine a rapporté plus d’un million d’euros en 2008». La caméra va alors suivre semaine après semaine le feuilleton Molex: devant l’usine de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), au ministère des Finances ou à la préfecture de Toulouse lorsque l’Etat se fait médiateur. Recours en justice, grève, séquestration des dirigeants, manifestations, jugements, accès au site fermé aux salariés, entrée en scène du ministère de l’Industrie: les rebondissements ne manquent pas. Au total, la lutte dure près d’un an, jusqu’en septembre 2009, lorsque les salariés entérinent le plan social signant la mort d’une entreprise créée en 1941 et spécialisée dans la connectique automobile. José Alcala, le réalisateur, capte durant ces mois incertains le regard et la parole des salariés: lueurs d’espoir, désir de rester soudés, attachement à «leur» usine, mais aussi doutes quant à la nécessité de continuer, colère contre un employeur venu récupérer un savoir-faire, crainte de l’avenir.