Avec «Wallace et Gromit», le Festival de Venise a offert une vitrine aux progrès rapides de la réalité virtuelle

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Le Festival de Venise a offert la semaine dernière une vitrine aux progrès rapides de la réalité virtuelle, avec la possibilité pour le public d’entrer dans l’univers de Wallace et Gromit ou de voir des livres prendre vie.

Parallèlement aux films traditionnels, la Mostra propose chaque année une plongée au sein de «Venice Immersive», une section explorant les dernières innovations technologiques dans le cadre idyllique d’un petite île de la lagune de Venise autrefois destinée à la quarantaine des voyageurs.

Les visiteurs sont ainsi invités à interagir avec un environnement virtuel, comme celui du film d’animation «Wallace et Gromit – Une grande expédition». Ils ont la possibilité de devenir Gromit pour aider les protagonistes à se sortir d’une odyssée accidentelle vers la planète Mars. «L’interactivité dans ces univers est de plus en plus précise et diversifiée», souligne l’un des responsables de «Venice Immersive», Michel Reilhac. «Les créateurs trouvent des moyens pour détourner la technologie et l’utiliser à des fins vraiment inattendues». Une autre expérience consiste à utiliser des casques de réalité virtuelle pour faire pénétrer plusieurs participants dans le cabinet du célèbre architecte de Barcelone Antoni Gaudi, leur permettant de fureter dans son atelier et de voir son chef-d’oeuvre, la cathédrale de Barcelone, s’édifier autour d’eux de manière spectaculaire. L’intelligence artificielle est évidemment au rendez-vous, avec le recours aux plateformes ChatGPT et Midjourney pour créer une histoire et des images à partir d’un questionnaire soumis aux visiteurs. L’une des expériences proposées les plus impressionnantes d’un point de vue technologique est «Jim Henson’s The Storyteller», où les participants sont dotés de lunettes pour voir un film en 3D naître sous leurs yeux à partir d’un livre spécial qu’ils tiennent entre leurs mains, passant d’un chapitre à l’autre en tournant les pages. Il s’agit de la dernière innovation des studios Felix&Paul, pionniers dans ce domaine et qui sont à l’origine de la création de visites virtuelles de la Station spatiale internationale, de la Maison Blanche sous Obama et de séances d’entraînement avec le basketteur LeBron James. «Nous avons voulu réaliser le rêve de ce qu’un livre en réalité virtuelle pourrait être», explique l’un des cofondateurs du studio, Paul Raphael, ce qui a nécessité de «pousser encore plus loin le recours à la technologie». Des caméras à l’intérieur des lunettes déchiffrent les pages et suivent leur position en temps réel, puis un algorithme conçu à cette seule fin calcule où superposer les images 3D en mouvement. Grâce à l’apparition de nouveaux casques chez Apple et d’autres fournisseurs, il pense que ce type de livres pourrait rapidement se diffuser sur le marché. «On en est encore aux débuts et il y a tellement de choses à découvrir. Même au bout de dix ans, on a l’impression qu’on pourrait faire ça toute notre vie et n’en découvrir qu’une infime partie!» s’enthousiasme-t-il.

La section «Venice Immersive» du festival a aussi mis l’accent sur des expériences d’interaction sociale, notamment à travers une plateforme permettant aux participants de se rencontrer et de dialoguer au sein d’univers virtuels.