Avril BLONDELOT (Eurodata TV Worldwide) : «1/3 des séries jeunesse les plus regardées par les enfants sont des nouveautés»

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Avril BLONDELOT, Responsable d’Etudes Internationales chez Eurodata TV Worldwide

Le Kids TV Report analyse les évolutions des paysages audiovisuels et des programmes dédiés à la jeunesse. A l’occasion de la publication de l’édition portant sur le second semestre 2015, média+ s’est entretenu avec Avril BLONDELOT, Responsable d’Etudes Internationales chez Eurodata TV Worldwide.

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Les nouveautés en matière de contenus jeunesse parviennent-elles à s’imposer plus fortement que d’autres types de programmes ?

Avril BLONDELOT

Pas uniquement ! Il y a le boom des séries TV que l’on peut évoquer. En parallèle, les offres jeunesse attisent la curiosité des enfants. Généralement, les parents sont rassurés de voir leur progéniture regarder des programmes qu’ils connaissent déjà et cela plusieurs fois. On pourrait donc légitimement penser qu’il y a une facilité à ne pas innover. Et pourtant, l’innovation est réelle du point de vue de la programmation. Les enfants sont curieux. Comme nous l’indiquons dans le Kids TV Report, un tiers des séries jeunesse les plus regardées par les enfants et les préscolaires au deuxième semestre 2015 sont des nouveautés de l’année 2015 pour les chaînes qui les diffusent. Parmi les nouveaux succès de programmation, on observe des valeurs sûres comme «The Tom and Jerry Show» remis au goût du jour sur Clan (Espagne) et Cartoonito (Italie), mais surtout de nouvelles créations. «Miraculous Ladybug» (TF1) a été la propriété la plus regardée en France.

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Quels sont les territoires les plus créatifs en programmes jeunesse ?  

Avril BLONDELOT

Parmi les cinq pays que nous avons étudiés (France, Allemagne, UK, Italie et Espagne) la France, l’Espagne et l’Italie sont les pays dans lesquels il y a eu le plus grand nombre de nouveautés parmi les séries les plus performantes. En revanche, toutes ne sont pas locales. Le Royaume-Uni détient une vraie force de propositions en termes de production propre. Parmi les cinq pays étudiés, deux programmes ont tiré leur épingle du jeu au semestre dernier.  C’est le cas de «La Pat’ Patrouille» produit par Spin Master, un industriel du jouet et «Kate & Mim-Mim» (KMM), une série britannique.

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Et la place des fictions jeunesse ?

Avril BLONDELOT

La série «Chica Vampiro» se classe dans le Top 20 en France et en Italie, et surfe sur l’intérêt des jeunes filles pour les séries musicales. «Violetta» avait emboité le pas il y a quelques années. Disney Channel prépare à présent l’arrivée de «Soy Luna». L’Italie propose aussi de nombreuses séries de live action, essentiellement américaines comme «Nicky, Ricky, Dicky et Dawn» (Nickelodeon) qui fonctionnent très bien.

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En 2015, la durée d’écoute individuelle des jeunes Européens a baissé en moyenne de 5’ par rapport à 2014. Que doit-on en déduire ?

Avril BLONDELOT

Cette baisse de la durée d’écoute (aujourd’hui à 1h59/jour) ne s’est pas nécessairement faite au dépend de la programmation jeunesse. 2014 a été une année riche, ponctuée par la Coupe du Monde de Football. Dans certains pays, l’impact était réel. Avec l’Euro 2016 et les JO cette année, les choses pourraient également bouger. D’autre part, les enfants retrouvent leurs contenus préférés sur d’autres écrans, ordinateurs, tablettes et smartphones, qui ne font pas encore partie des mesures d’audience des contenus TV. En France, les 2/3 des programmes que regardent les 7/10 ans sur internet sont des séries animées.

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Comment les séries TV jeunesse prolongent-elles leur univers hors médias ?

Avril BLONDELOT

L’importance est d’avoir un univers très cohérent qui se nourrit du média de masse que représente la télévision et qui va trouver plusieurs sources de déclinaisons. Au-delà des écrans TV et internet, les licences prolongent leurs univers avec des jouets connectés à des plateformes de jeux vidéo comme Disney Infinity et Lego Dimensions. «Game Shakers» qui se place comme la meilleure série de Nickelodeon au Royaume-Uni, a été pensée autour de l’univers des applications.