Black Eyed Peas: pour will.i.am, c’est dans la technologie «que se joue la création aujourd’hui»

Musician Will.I.Am attends the City of Hope 2015 Spirit of Life Gala Honoring Universal Music Group's Lucian Grainge, in Santa Monica, California, on November 5, 2015. AFP PHOTO/ VALERIE MACON US-ENTERTAINMENT-CITY OF HOPE-2015-GALA

Contrairement à de nombreux artistes, will.i.am, le chanteur des Black Eyed Peas, n’est pas guerre contre l’IA, au contraire : il vient de lancer un nouveau concept de radio, où l’IA joue les animateurs et les DJ. Car c’est dans la technologie «que se joue la création aujourd’hui», pour le chanteur américain. «C’est comme quand on forme un groupe, et qu’on écrit des chansons pour attirer l’attention des gens, sauf qu’au lieu des mélodies, on fait des algorithmes», raconte-t-il lors d’un entretien en marge de l’événement annuel de Salesforce, géant du marketing en ligne. Fondateur et patron de FYI, il a dévoilé le mois dernier RAiDiO.FYI, un ensemble de stations thématiques et interactives, disponible sur l’appli FYI.AI. Un animateur IA accueille les auditeurs «en direct de l’éther», avec une voix ultra réaliste, des tics de langage aux intonations et hésitations. Il lit un bulletin d’informations puis joue de la musique, à moins que l’utilisateur ne l’interrompe. «J’ai entendu dire que Melania Trump avait posé nue avec cinq hamsters», lance l’entrepreneur. «Waaah… D’où tu sors ces histoires abracadabrantes ?», lui répond la voix débonnaire. «Bon, écoute, autant que je sache, Melania Trump a bien posé nue à une époque, mais je n’ai jamais entendu de sources crédibles mentionner du mannequinat avec des hamsters. ça ressemble à des fake news, non ?». Pour l’instant, la radio ne joue que 40 morceaux, mais William Adams, de son vrai nom, essaie d’obtenir les droits des catalogues des labels. Il veut «innover dans la radio», parce que «la radio est notre alliée» – contrairement aux plateformes comme Spotify, qui, selon lui, ne rémunèrent pas assez les musiciens. Depuis les Black Eyed Peas, le rappeur a investi dans différents secteurs, de la mode aux technologies. Et l’IA générative le passionne particulièrement. Elle inquiète pourtant de nombreux artistes, remontés contre des modèles comme ChatGPT, qui produisent textes, images et sons sur simple requête en langage courant, après avoir été nourris avec toutes sortes de matériaux récupérés en ligne. Des studios d’Hollywood aux éditeurs new-yorkais, la nouvelle technologie alimente des grèves et des poursuites pour violation des droits d’auteur. «On a déjà vu ça avec les appareils photo : «Oh, ces gens qui prennent des clichés en appuyant sur un bouton alors que ça m’a pris deux semaines pour peindre ce paysage»», se moque le compositeur, prenant un accent français. Selon lui, «chaque nouveau médium crée de la douleur, parce que quelque chose est en train de naître. Un nouveau type d’artiste va voir le jour». «L’IA sait imiter, super bien, mais elle n’a pas d’imagination», continue-t-il. «Elle ne va pas rêver mieux que toi, mais elle comprend mieux l’algorithme, alors il faut s’en servir pour créer des choses». Il reconnaît néanmoins le potentiel dangereux de la technologie, alors que la Silicon Valley veut créer une IA «générale» – aussi intelligente que les humains. «Bientôt, la machine va se conduire toute seule», souligne-t-il, appelant à réguler l’industrie sans étouffer l’innovation. «Pour piloter un hélicoptère, il y a des tests. Les personnes qui travaillent dans l’IA sont-elles qualifiées ? Ont-elles passé un test psychologique? On va déployer des machines autonomes sans avoir jamais évalué les gens aux commandes?! Foutez le camp !», lance-t-il. Le musicien de 49 ans dit adorer débattre avec sa radio, pour tester ses idées. Mais au quotidien, il ne se sert pas de ChatGPT ou d’autres assistants IA pour rédiger des messages, un des principaux usages de la nouvelle technologie. «J’aime écrire, j’aime m’exprimer et composer», réagit-il «Je ne veux pas confier mon expression personnelle à une machine».