Le Web Summit, grand-messe européenne de la tech, a débuté mardi soir dans la capitale portugaise avec notamment au programme des questions essentielles sur l’avenir des cryptomonnaies. Selon son fondateur Paddy Cosgrave, l’évènement se déroulera à guichet fermé avec quelque 70.000 visiteurs prévus lors des quatre journées du salon, qui revient ainsi à son format de 2019, précédent le choc de la pandémie de coronavirus.
Au prorgamme, des startups, des investisseurs, des chefs d’entreprise et des personnalités de premier plan. Au total, plus de 1.000 orateurs parmi lesquels l’intellectuel américain Noam Chomsky ou le champion ukrainien de boxe des poids lourds Oleksandr Usyk. Mais les places de choix ont été réservées aux spécialistes des cryptomonnaies et des chaînes de blocs (blockchain), une technologie qui prétend pouvoir révolutionner les usages d’internet, voire l’économie mondiale. De nombreuses sociétés spécialistes de cet univers seront présentes, des jeunes pousses aux licornes valorisées plusieurs milliards de dollars comme le studio Yuga Labs ou la plateforme OpenSea. La tête d’affiche du salon est d’ailleurs le sino-canadien Changpeng Zhao (ou CZ), richissime patron de la principale bourse d’échange de cryptoactifs, Binance. Tous tâcheront de convaincre que les potentialités des cryptomonnaies restent intactes alors que le secteur traverse d’innombrables crises, est accusé de nourrir des bulles financières, de faciliter l’évasion fiscale voire de n’être qu’une vaste arnaque. Interrogé, Paddy Cosgrave a convenu que «beaucoup de questions restent en suspens» concernant les crypto, qu’il définit comme relevant en grande partie d’une sorte d’illusion. «Nous avons fait de notre mieux pour persuader des personnalités phares de l’écosystème de venir, et certaines d’entre-elles se feront un peu bousculer sur scène. Nous verrons ce qui se passera», a-t-il ajouté. Des contempteurs de la crypto ont également été invités, comme l’acteur Ben McKenzie (connu pour les séries télévisés Gotham et Newport Beach). Les propos de CZ seront particulièrement scrutés, en tant que leader mondial de la crypto mais aussi parce que sa société Binance a été à plusieurs reprises accusée de vouloir échapper aux régulations, ce qu’elle conteste. Elle fait également partie des investisseurs ralliés au rachat de Twitter par le fantasque milliardaire Elon Musk, avec un investissement de 500 millions de dollars. Enfin, elle a indiqué début octobre avoir été victime d’un immense piratage, évaluant l’ampleur du vol à environ 100 millions de dollars. L’accumulation des controverses et la baisse durable de la valorisation des cryptoactifs – entraînée comme le reste de la tech par la détérioration du contexte macroéconomique – pousse aujourd’hui le secteur crypto à tenter de mobiliser à nouveau l’intérêt du public. Mais ce n’est pas le rôle du Web Summit de chercher à stimuler les investissements dans ce domaine, a affirmé Paddy Cosgrave. Les figures traditionnelles de la tech Amazon, Apple, Google et Meta seront également présentes pour présenter leurs développements récents, dans la santé, l’intelligence artificielle ou les mondes virtuels. Après la lanceuse d’alerte Frances Haugen qui était venue en 2021 accuser Facebook de privilégier sa croissance plutôt que de lutter contre la haine en ligne, le salon donnera cette année une tribune au lobbyiste irlandais Mark MacGann, qui a révélé au public la stratégie agressive d’Uber pour s’imposer dans sa guerre contre les taxis.
