C. BASINI (TF1+) : «La gratuité demeure un argument fort dans le contexte actuel»

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Le Groupe TF1 évolue dans un marché en pleine mutation. Les médias traditionnels sont challengés par l’arrivée de nouveaux acteurs plus digitaux, qui bousculent les modes de consommation. Aujourd’hui, les programmes longs se regardent de plus en plus à la demande. Fort de ce constat, le Groupe veut accompagner ces nouveaux usages avec une nouvelle plateforme : TF1+. L’ambition ? Être la destination gratuite de référence sur l’écran de télévision pour le divertissement familial et l’information en France. Entretien avec Claire BASINI, DGA en charge des activités BtoC du Groupe TF1.  

Avec TF1+, quelle opportunité saisissez-vous dans le marché de la vidéo à la demande ?

Le marché concerné représente une valeur de 2 milliards d’euros et connaît une croissance annuelle de 10 à 15%. Le Groupe TF1 y détient une part de marché encore modeste, de 4 à 5% car jusqu’à présent nous proposions des programmes en différé, avec une disponibilité seulement 7 jours après leur diffusion initiale. Avec le lancement de TF1+, on s’inscrit dans une logique de streaming avec l’objectif d’être une destination et de créer un réflexe quotidien de consommation pour le divertissement familial et l’information. Cela signifie que nous nous appuyons sur un catalogue de droits longs, couvrant nos principaux piliers éditoriaux : fiction française, séries quotidiennes, cinéma, divertissements, et contenus pour la jeunesse. Nous proposons ainsi une offre de 15 000 heures de contenus premium et gratuite, accessible sur divers supports, y compris les télévisions connectées.

TF1+ est donc le Netflix gratuit ?

L’objectif est de fournir aux utilisateurs une expérience de grande qualité tant en termes d’ergonomie que de facilité d’utilisation. Nous adoptons ainsi les standards des plateformes SVOD payantes, tout en offrant l’intégralité de notre service gratuitement aux utilisateurs.

Vous vous démarquez sur la gratuité. Est-ce le seul argument pour vous distinguer ?  

Non, pas du tout ! La gratuité demeure un argument fort dans le contexte actuel. Cependant, notre différenciation réside dans deux autres aspects principaux. Premièrement, notre offre éditoriale est unique, orientée vers un divertissement familial, avec des séries telles que «HPI» et des émissions comme «Star Academy», qui se distinguent de ce que proposent les plateformes payantes. Deuxièmement, nous apportons des innovations qui nous sont propres, notamment en ce qui concerne le visionnage partagé. Avec notre fonctionnalité «Synchro», nous offrons un moteur de recommandation spécifique, conçu pour aider les utilisateurs à choisir facilement le contenu idéal à regarder ensemble.

Pourquoi ne pas avoir développé davantage myTF1 ?

Parce que TF1+ veut s’imposer comme une proposition de valeur différente sur l’ensemble des éléments : le catalogue, l’ergonomie, les innovations, une présence massive en première visibilité sur tous les écrans des télévisions connectées. L’aspect clé de notre stratégie est l’uniformité de l’application, qui est la même partout et entièrement gérée par nous. Grâce à l’utilisation de nos propres données, nous pouvons améliorer constamment l’expérience utilisateur et offrir une publicité segmentée et ciblée aux annonceurs. Cette approche nécessite une nouvelle identité, d’où l’adoption d’un nouveau nom. Cette nouvelle appellation n’est pas anodine : elle s’appuie sur la renommée et la qualité associées à TF1, tout en ajoutant le «+», symbole désormais international des plateformes de streaming.

Comment avez-vous optimisé la partie payante de TF1+ ? Êtes-vous dans la prolongation de MYTF1 MAX ?

Nous avons en effet sur myTF1 une offre payante nommée «MAX». Sur TF1+, nous conservons une option payante intitulée «Premium», destinée à un segment de la population réfractaire à la publicité et ne souhaitant pas de coupures publicitaires. Cette offre est disponible à un tarif de 5,99 euros par mois ou 59,99 euros par an. Les abonnés à cette offre «Premium» bénéficient du même catalogue de contenus, mais sans interruptions publicitaires. De plus, quelques avantages supplémentaires sont maintenus dans cette offre, comme les avant-premières de nos feuilletons et l’accès aux saisons inédites de séries dès leur lancement.

A quel rythme rafraîchissez-vous votre catalogue ?

Le taux de renouvellement est assez élevé puisque chaque jour sur nos antennes, il y a des nouveaux contenus programmés. Par exemple, avec notre format «Top Info», nous proposons quotidiennement cinq nouveaux contenus portant sur les actualités les plus importantes du jour.

TF1+ propose aussi une cinquantaine de chaînes FAST. C’est une vraie tendance ?

Sur le marché du streaming, les chaînes FAST suscitent beaucoup d’intérêt. Bien que leur utilisation reste modeste, elles offrent l’expérience traditionnelle de la télévision linéaire, où il n’est pas nécessaire de sélectionner activement un contenu à regarder. Cela permet aux téléspectateurs de s’immerger facilement dans une marque-programme spécifique ou un thème donné, tout en bénéficiant d’une expérience de télévision adaptée au monde digital. Nous intégrons ces chaînes FAST dans notre offre parce qu’elles la complètent bien. Cependant, il est important de noter qu’à l’heure actuelle, leur usage reste relativement limité.

Dernière chose, pourquoi avoir lancé TF1+ maintenant ?

L’impulsion donnée par Rodolphe Belmer, PDG du groupe TF1 depuis plus d’un an, a marqué un tournant stratégique majeur, notamment dans le domaine du digital. Cette orientation s’appuie sur deux éléments clés : d’une part, l’évolution significative des usages numériques à travers toutes les tranches d’âge, et d’autre part, le développement croissant du marché de la publicité digitale. Cette combinaison de facteurs a conduit à une accélération notable de notre présence et de nos initiatives dans le domaine numérique.