Productrice exécutive chez Shine Fiction, Carole Della Valle signe avec «Désenchantées», une mini-série sensible et haletante adaptée du roman de Marie Vareille. Déjà disponible sur france.tv et en diffusion mercredi 12 novembre à 21h10 sur France 2.
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Qu’est-ce qui vous a immédiatement convaincue que le roman «Désenchantées» de Marie Vareille pouvait devenir une série télévisée forte et singulière ?
Carole DELLA VALLE
Très clairement, c’est l’univers, et surtout les personnages. Je fonctionne beaucoup à l’émotion, et le livre de Marie m’a profondément touchée. J’y ai trouvé une très belle thématique autour de l’amitié, de la loyauté adolescente, de ces pactes insensés que l’on fait à cet âge-là, et de la question : jusqu’où peut-on aller pour protéger ceux qu’on aime ? Et puis, sans rien révéler, la fin du roman m’a littéralement retournée. Je me suis dit : il y a une histoire forte à raconter à l’écran. Quand on lit le pitch, on pourrait penser à une énième enquête sur une disparition. Mais ici, on parvient à renouveler le genre en y insufflant de l’émotion et une vraie réflexion sur le passage du temps.
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L’adaptation mêle thriller, drame générationnel et nostalgie des années 1990…
Carole DELLA VALLE
Cette structure, nous la devons à la construction même du roman. Marie Vareille a imaginé un récit alternant passé et présent : un chapitre dans les années 1990, un autre aujourd’hui. Nous avons choisi de garder cette structure pour la série, en la présentant à France Télévisions comme un 50/50 entre flashbacks et présent. Là où le travail du réalisateur David Hourrègue a été déterminant, c’est dans la manière dont ces flashbacks s’articulent avec le récit contemporain. Il ne s’agissait pas seulement de montrer ce qui s’était passé, mais de faire en sorte que chaque retour dans le passé éclaire une émotion ou une révélation du présent, tout en faisant avancer l’enquête. Ces deux temporalités dialoguent constamment.
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Les choix esthétiques, notamment l’utilisation de la lumière et la reconstitution des années 1990, contribuent puissamment à l’identité de la série. Comment avez-vous abordé ce travail visuel ?
Carole DELLA VALLE
C’est un élément fondamental. Dès le départ, David a beaucoup travaillé main dans la main avec Florent Astolfi, notre chef opérateur. Ils ont cherché une identité visuelle forte, sans tomber dans le didactisme. On ne voulait pas afficher «1999» à chaque flashback. Outre la présence des comédiens adolescents à l’écran, il fallait que le spectateur comprenne immédiatement dans quelle époque il se trouve, uniquement grâce à la texture de l’image, aux décors et à la lumière. Pour les années 90, on a opté pour quelque chose de plus granuleux, légèrement irisé, presque pastel.
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«Désenchantées» a été développée sous l’égide de Banijay Studios France. Or, vous évoluez désormais chez Shine Fiction. Comment cette fusion a-t-elle modifié votre champ d’action ?
Carole DELLA VALLE
Effectivement, «Désenchantées» a été produite par Banijay Studios France, mais depuis mars nous avons fusionné avec Shine Fiction. Je suis désormais productrice exécutive sous cette bannière, avec Dominique Farrugia comme président. Cette évolution ouvre le champ des possibles : Shine Fiction a une vraie ambition de diversité et d’universalité. Notre volonté est de continuer à proposer de belles fictions à toutes les chaînes historiques mais aussi aux plateformes. Nous développons des projets capables de parler à tous les publics, sans cloisonnement entre chaînes historiques et GAFAM. C’est une liberté précieuse.
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Après «Skam France» et « Désenchantées», quels genres ou formats aimeriez-vous explorer à présent ?
Carole DELLA VALLE
Les adaptations littéraires restent mon péché mignon. C’est une source d’inspiration inépuisable, j’adore plonger dans l’univers d’un auteur pour en tirer une fiction audiovisuelle. Mais j’ai aussi envie de sortir de ma zone de confort. J’aimerais aller vers des séries de genre plus affirmées : du thriller ou de la catastrophe. Tenter des choses où on ne nous attend pas. Et, à l’opposé, j’ai une vraie envie de comédie. J’ai souvent travaillé sur des séries fortes en émotion – c’est un peu ma marque de fabrique – mais j’aimerais aussi pouvoir proposer des univers plus légers et fédérateurs.
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Comment anticipez-vous l’évolution des usages entre plateformes, télévision linéaire et nouvelles écritures ?
Carole DELLA VALLE
Il faut garder de la souplesse. Quand nous développons un projet, nous le faisons avec la conscience que le facteur chance joue beaucoup. Nous écrivons aujourd’hui des histoires qui, dans six mois, correspondront peut-être parfaitement aux besoins d’une chaîne ou d’une plateforme. On écoute les attentes éditoriales, bien sûr, mais il ne faut pas se priver de développer des projets que l’on a réellement envie de raconter. Et parfois, la magie opère : on se retrouve en face d’un diffuseur qui a exactement la même envie au même moment, et tout s’aligne. C’est souvent comme ça que naissent les plus belles aventures.
LES DIRIGEANTS
Dominique Farrugia
Président
COORDONNEES
23 rue Linois
75015 Paris
DATE DE CREATION
2021
PRODUCTIONS
«Désenchantées», «Brocéliande», «Rien ne t’efface»…

































