La campagne présidentielle que nous venons de vivre a rassemblé les téléspectateurs devant les émissions télévisées qui lui ont été consacrées. Les émissions ont fait un tabac entre le mois de septembre 2016 et le 2nd tour de l’élection présidentielle, sans pour autant franchir des records d’audience historiques. Peu d’événements télévisuels suscitent d’ailleurs autant d’intérêt. Bilan général : neuf Français sur dix (89,2% précisément) ont regardé au moins une fois un programme consacré aux candidats à la présidence de la République, selon une étude de Médiamétrie. En bref, 51,9 millions de personnes de 4 ans et plus. Sans surprise, les programmes ont plus captivé les citoyens en âge de voter que les autres : 93,5% des votants potentiels les ont regardés. Ils ont par ailleurs retenu l’attention des moins de 18 ans de façon importante, 66,8% d’entre eux les ayant regardés.
L’événement s’est échelonné sur de nombreux mois. Il s’est traduit par un cumul d’heures de programmes colossal: 1.474 heures en huit mois en dehors des chaînes d’information depuis septembre 2016, et 324 heures rien que pour les programmes non récurrents. Autant de chances, donc, de suivre les enjeux. La campagne a dynamisé la consommation télé dans son ensemble. La durée d’écoute quotidienne par individu s’est ainsi élevée à 3h50 lors de la semaine précédent le 1er tour de l’élection présidentielle et 3h59 lors de la semaine avant le 2nd tour. Neuf minutes supplémentaires par rapport à la même période de 2016. Au final, la campagne s’est révélée aussi fédératrice qu’un grand événement sportif. L’Euro 2016 avait, en effet, été regardé au moins une fois par 82,2% des téléspectateurs soit 47,7 millions de personnes. L’attractivité de la Présidentielle a joué très fortement tant auprès des petits consommateurs télé que des gros consommateurs. Mais la large couverture télévisuelle de l’intense feuilleton à rebondissements a-t-elle un lien avec le taux de participation électorale ? Globalement, huit personnes sur dix inscrites sur les listes électorales sont allées voter au 1er tour, le 23 avril. Les personnes en âge de voter qui ont suivi les programmes consacrés à l’élection présidentielle, sont également celles pour lesquelles la participation électorale a été forte. A l’inverse, les catégories les plus touchées par l’abstention ont moins regardé la politique à la télévision.
L’étude révèle également que les rebondissements de «l’affaire Fillon» qui a éclaté avec les révélations du «Canard Enchaîné» le 12 janvier, ont attiré le public devant la télévision. Surtout en pleine journée: 5 % de part d’audience sur BFM TV, CNEWS et LCI lors de la 1ère conférence de presse du candidat de la droite et du centre (6 février), 5,5 % de PdA lors de sa deuxième conférence de presse (1er mars), presqu’autant lors de la manifestation de soutien à François Fillon au Trocadéro (5 mars), autant lors de la déclaration d’Alain Juppé (6 mars) et 4,6% de pda lorsqu’il est question des costumes de François Fillon (14 mars). D’autres temps forts de l’actualité ont permis à l’audience des JT de bondir. L’annonce par François Hollande qu’il ne briguerait pas un 2nd mandat l’a poussé à la hausse de 12% par rapport à la moyenne habituelle de la tranche horaire (6,3 millions sur TF1 le 1er décembre 2016). 34% de progression lors de l’interview de François Fillon quelques heures après son discours du Trocadéro (7,2 millions sur France 2 le 5 mars). 10% de mieux lors de l’annonce officielle des 11 candidats (5,7 millions sur TF1 le 18 mars). 16% de progression lors du meeting de Jean-Luc Mélenchon place de la Bastille (5 millions le 18 mars sur France 2).